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Souriante, le regard clair, les joues un peu rougies, Clothilde entre dans la grande Halle et va rapidement prendre place dans "son" fauteuil préféré, celui situé juste devant l'âtre de la grande cheminée.
Les mains fébriles, elle déroule prudemment le parchemin sur lequel sont inscrites les lettres, qu'elle vient studieusement de calligraphier, en haut, dans la salle d'étude.
Le visage tendu, les yeux brillants, elle regarde rapidement tout autour d'elle afin de s'assurer que nul n'est dissimulé.
Sa réserve naturelle la font craindre les remarques désobligeantes qui pourraient pleuvoir, à l'écoute du nouveau chant, qu'elle vient tout juste de terminer.
Elle y a mis tout son coeur.
Ses recherches mêlées aux souvenirs des récits qu'elle a recueilli lors des ses voyages précédents, lui ont inspiré cette "tapisserie de mots" comme elle aime à qualifier ses petits essais poétiques.
Fermant doucement les yeux, ses pensées s'envolent tout naturellement vers Endryamir.
C'est ainsi. Elle ne peut se soustraire à cette évidence.
Puis, reprenant conscience de l'instant, elle s'éclaircit la voix, prend une longue inspiration et commence à chanter d'une voix qui débute d'abord comme un murmure, puis qui monte, claire, limpide, pour s'en finir, éclatante, sur le dernier couplet.
En des temps reculés, à l'est de la Terre du Milieu,
Surgirent les Anciens, par delà les montagnes Bleues,
Dans le silence pesant, d'un passé oublié,
J'entends... C'est le murmure de leurs pas décidés !
Au delà des Sept rivières, les entends-tu mon aimé ?
Ils scandent, en cadence, le nom des peuples libres
Face aux ténèbres et à Celui que l'on ne nomme pas.
J'en tremble encore de les voir tous levés !
En maison de Bëor, de Haleth et aussi de Hador,
Les voici, ils sont là, bras armés, têtes hautes
Ils ont le regard fier et ils ont l'âme forte
Casqués comme à la guerre, tendant boucliers d'or
Des Edain est leur lignée, ils répondent aussi
Au fier nom d'Atani, alliés des Elfes, amis.
De Dagor Bragollach, j'entends encore les cris,
Le sang, le fer, la peur et les longues tueries,
Glaurung le Funeste, de sa langue de feu
Dévaste les armées, fait fuir les malheureux,
Et la nuit apparait au sein de la douleur !
Et la rage succède au creux de la terreur !
Tandis que Fingolfin, haut Prince des Noldor
Au sein d'Eithel Sirion, se trouve repoussé,
C'est le seigneur Hador, mortellement blessé,
Qui tombe, Soleil déchu, corps et coeur transpercés,
Tête nue, sang mêlé à ses beaux cheveux d'or,
Et l'on pleure encore les pertes de Bëor !
Ainsi se perpétue, mon aimé, entends-tu ?
Les histoires et les luttes de nos pères, Guerriers,
Qui se levèrent un jour, contre maux et ténèbres,
Pour ne plus s'agenouiller devant le Noir Morgoth !
Dans le silence qui suit, elle sourit doucement, les yeux posés sur les flammes de l'âtre...
Dernière modification par Clothilde Deloutrares (28-02-2010 13:10:28)
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Endryamir n'avait pas perdu une parole de ce chant magnifique. Les noms évoqués faisaient écho aux racines mêmes de la lignée des Hommes. La douceur de la voix, la justesse des vers, l'harmonie des strophes... tout le transportait dans ce passé lointain. Il était fier de Clothilde, son aimée, mais avant tout, une jeune femme courageuse et un maître du savoir accompli... Quand le silence retomba dans la Halle, Endryamir s'approcha discrètement, pour ne pas rompre le charme, et tendrement, il posa ses mains sur les épaules de Clothilde.
C'est magnifique, ma douce... magnifique. Le Gondorien avait du mal à contenir les sanglots dans sa voix.
Dernière modification par Endryamir (28-02-2010 14:23:28)
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Endryamir Foro, érudit de Minalondë
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...De Dagor Bragollach, j'entends encore les cris,
Le sang, le fer, la peur et les longues tueries,
Glaurung le Funeste, de sa langue de feu
Dévaste les armées, fait fuir les malheureux...
Une voix montante surprend Cyian, quand, affamé, il jette un regard gourmand sur les belles tourtes fumantes entreposées dans la cuisine. Il était bien incapable de choisir jusqu'alors ; la survenue du triste et beau chant ne l'aide pas davantage. En fait, il n'y pense plus : les mets et la faim se sont évanounis tandis que ses pas le mènent dans la Halle.
Le brave chasseur est ému ; droit sur le seuil, il écoute et goûte chaque strophe avec émerveillement. Il ne comprend pas vraiment les paroles - il s'agit sans doute d'une ode ancienne aux vaillants Deloutrares des Deloutrares de Bree - mais il ressent pleinement l'intention de leur auteure. Ensorcelé par le chant de Dame Clothilde, il laisse ses pensées capricieuses vagabonder au gré des notes et des mots.
La magie opérera longtemps. Et si, au silence tombé, Cyian parviendra à glisser un : Pour sûr que c'est beau ! son esprit, encore troublé, ne l'alertera pas du rapt odieux opéré sur LE fauteuil, "son" fauteuil, celui situé juste devant l'âtre de la grande cheminée...
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