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Clothilde arrive dans la grande Halle qui, pour une fois, baigne dans un silence inhabituel.
Soupirant d'aise, elle s'approche, le coeur légèrement battant, de la cheminée où elle a coutume de s'en venir cueillir les pensées qui frôlent ses diverses réflexions.
Elle constate avec un sourire satisfait, que le fauteuil, "son" fauteuil n'est aucunement occupé par quiconque.
Elle s'y love douillettement, et un air ravi sur le visage, pose sur ses genoux, le parchemin roulé qu'elle tient dans sa main droite.
Elle penche doucement sa tête sur le document, où l'on peut voir l'écriture finement déliée, qui caractérise le style de son auteure.
C'est à cet instant que sa voix, une fois encore, monte lentement dans le silence de la Grande Halle, prenant des inflexions presque grondantes, à l'image des scènes qu'elles illustrent.
Regarde, penche ton coeur et ouvre ta mémoire,
Viens t'en cueillir sans mot, le souvenir perdu,
C'est le souffle du vent, approche, entends-tu?
Il vient, murmure lancinant, te raconter l'histoire:Voici les hauts navires, toiles blanches tendues,
Voici les fiers vaisseaux, ils fendent les eaux sombres,
Nul bruit ne les escorte, ils voguent en silence,
A leurs bords, pétrifiées, les silhouettes se taisent.Voici les hauts navires, ils fuient, regarde-les,
Voici les fiers vaisseaux, le vent souffle et se lève,
Les regards qui se figent et les bouches muettes,
A leurs bords, droit debout, l'Etoile de Numeror.Regarde, penche ton coeur et ouvre ta mémoire,
C'est l'ire des Valar qui siffle à leurs oreilles,
Elle s'en vient balayer l'orgueil et la traitrise,
C'est l'île de Numeror qui sombre et qui se meurt.Voici les hauts navires, voici les fiers vaisseaux,
A leur proue, Elendil, le Fidèle, le Beau,
Et ses fils Isildur et le jeune Anarion,
Ils pleurent le désastre, le coeur à l'abandon.Et dans les lourds vaisseaux, et dans les lourds navires,
Ils emportent, précieux, les signes du Passé,
L'anneau de Barahir et les sept Palantir,
Le fruit de l'Arbre Blanc, le sceptre d'AnduniêEt les yeux fatigués, et les larmes au coeur,
Ils regardent disparaitre la terre de leurs pères
Ultimes héritiers d'un monde, dépositaires
D'un temps qui se délie, fragile, désespéré.A l'horizon, soudain, une terre d'exil !
Lindon ! Arnor ! Gondor! Accueillez vos Fidèles !
Osgiliath, surgis des limbes! Dresse-toi vers le Ciel !
Et toi Annuminas, arme ta citadelle!Demain verra l'alliance des hommes et des Elfes !
Unis vers la victoire, bravant tous les périls !
Demain verra le jour d'un monde renouveau !
Puis, enfin, retombe le silence.
Elle reste là, sans bouger, l'air à la fois troublée et émue. Cette chanson, elle l'a écrite pour lui.
Pour saluer son érudition, pour faire hommage à leurs ancêtres communs, pour l'éblouir aussi... un peu.
Un sourire tendre sur les lèvres, elle laisse son regard se perdre sur les flammes de l'âtre et s'en aller, amoureusement se poser sur le souvenir de son aimé... Endryamir.
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Eolwaen sort lentement de l'ombre du grand tonneau derrière lequel elle se tenait silencieuse, un petit cahier à la couverture de cuir rouge dans une main, une plume colorée dans l'autre.
Elle s'avança doucement vers Clothilde et lui glissa à l'oreille : "Un chant digne des plus grands ménestrels des anciens temps, belle dame. Magnifiquement interprêté."
La jeune femme dépose sur les genous de Clothilde un petit parchemin sur lequel on distingue à la lueur des flammes dansantes de la cheminée les traits fins d'une dame assise dans un vieux fauteuil et semblant chanter. Quelques mots d'une écriture fine et élégante couvrent le bas de page.
"Un retour émouvant vers les anciens temps. Merci.
Eolwaen."
S'inclinant respectueusement, la jeune femme s'éloigne en silence.
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Bien que les bateaux ne soient pas vraiment ma tasse de thé, c'est une très jolie chanson, c'est ptet Mellio qui va vous faire la musique s'il est inspiré!
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Endryamir se penche doucement vers Clothilde et dépose un baiser sur son front si doux.
C'est une magnifique évocation de l'Akallabeth, mon aimée. J'en frémis encoe... grâce à toi, j'ai vu les nefs de Numenor prendre le large, et s'éloigner d'Elena. J'ai ressenti la crainte et la détermination d'Elendil et de ses fils... Ce sont mes ancêtres que tu chantes là, mon amour, et ton chant est juste, profondément émouvant. Je te savais gardienne de mon coeur, je te découvre maîtresse de mon âme... *sourit*
Hantale, meldë mîn.
Endryamir s'incline en se touchant le coeur.
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Endryamir Foro, érudit de Minalondë
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Cyian écoute attentivement les vers de Clothilde, tout en veillant à ne pas se laisser bercer par sa voix ; pour une fois, il voudrait en comprendre le sens... Peine perdue.
C'est fort joli, Dame Clothilde, mais très triste ; d'ailleurs, pourquoi tous ces gens se lamentent-ils alors qu'ils ont de si beaux navires ?
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Dans la petite chambre que lui gardait toujours son cousin Fierpied de Castelorge il était très tard quand le jeune Mellio Melodie posa enfin son luth, les doigts gourds et endoloris par des heures de travail à torturer les cordes, mais il semblait satisfait de lui. Il posa le parchemin sur lequel il avait consigné sa dernière composition sur l'unique chaise de la chambre, et s'endormi profondément.
La beauté du texte de dame Clothilde l'avait insipiré pour mettre en musique de si beaux vers, tout comme les encouragements qu'il avait reçu de la dame lorsqu'il lui avait fait écouter les premières ébauches.
HRP
j'ai fait une transcription, adaptation, arrangement sur une chanson traditionelle écossaise "Down the Brae" pour la mise en musique du dernier texte de Clothlde. C'est une partition pour luth solo pour l'instant. Cependant je ne sais pas comment charger le fichier .abc sur le site. Merci aux "anciens" de me dire comment faire
HRP
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[hrp]
cherche dans ton profil sur le forum il y a un lien "mes uploads" tu l'envoi par la et nous fait suivre le lien
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HRP
Merci Tomislav, c'est fait.
Ah oui, pour les musiciens, c'est une transcription en Do majeur, joué en DADGAD, Capo II. La chanson est organisée en 4 mouvements, chaque mouvement étant répétable, plus un petit final. Durée actuelle 2'50s. Je pense qu'il faudra voir le synchro/timing avec le texte de Clothilde à l'avenir, si bien sur Tomislav accepte cette partition. Voilà, c'est tout.
HRP
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[hrp]
Pas de soucis envoie le lien et je m'en occupe ce soir, par contre une question, est il prévu par la suite que tu y ajoute des partitions pour d'autres instruments ?
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Gwael arrêta sa monture un instant, écoutant l'hymne triste et lancinant, hommage à Numenor, qui semblait provenir de la grande bâtisse. elle ne put retenir une larme devant la justesse de ces paroles, et de tout ce que ce chant pouvait réveiller d'enfoui en elle, vestige d'un temps et de personnes aujourd'hui disparues. Sans savoir pourquoi, alors que la voix s'était éteinte, elle se mit a fredonner la vieille chanson des deux amants...
Sur le pas de la porte, elle scrute en vain les flots
Mais la mer n'apporte, que fureur et rouleaux,
Ah comme il était fier, lorsqu'il quitta le port,
Pour aller faire la guerre, dans son armure en or.
Juste avant de partir, ils se l'étaient juré
S'aimer à en mourir, l'anneau lui a donné
Mais lorsque vint la vague, qui rasa la maison,
seule resta la bague, de leur triste passion.
"Ēphal ēphalak īdōn hi-Akallabēth" soupira-t-elle en pressant ses jambes contre sa monture.
Gwael
[HRP] Merci pour ce fort beau poème !!!
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