La Confrérie du Dragon Eteint

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#1 28-03-2012 14:24:55

Catrus
Petit Échevin conteur

Les Aventures de Jiji

Voici, chers compagnons, le tout début des récits de la vie de mon ancêtre Jiji. J'ai entrepris de les retranscrire à la forte demande familiale, car oui, malgré ses déboires avec les shirrifs, il reste à nos yeux un symbole et une fierté !

Bonne lecture à vous tous.


Il était fort, il était beau
Bien que peut être un peu gros
Il était preux et plein d’entrain
Même si pas très malin

De La Colline à Courtecave
Des Trous des Grisards à Grand’Cave
Partout on le connait, Jiji l’Aventurier
Celui qui embrassa la laide Lobélia

Parmi les multiples histoires sur mes aïlleux, contés auprès du feu, lors des longues soirées nostalgiques, par mes parents ou grands-parents, il en est une qui surpasse la drôlerie de Quentadi, dit Pti Tom, elle surpasse aussi les mystères de Bango le Sinmuro ou même les bêtises de Tomi Verte-Mains dit Gros Tom… Cette incroyable histoire, c’est celle de mon vénéré ancêtre Jiji dit souvent l’Aventurier.

Il n’y a pas un hobbits dans la Comté qui n’a pas eu connaissance de Jiji, que ce soit directement ou  par concomitance, car mon ancêtre avait, au cours de sa vie intrépide, parcouru les moindres recoins de son pays et il est évident qu’il ne passait… jamais inaperçu.

Jiji l'’Aventurier était le fils unique de Fagarus Scoplar et Marone Chaumine, deux hobbits tout ce qu'’il y a de plus gentil, qui fondèrent à deux leur foyer dans l’agréable bourg de Scary. Calme patelin qui ne tarderait pas à connaître le sens du mot « agitation ». Le jour même de la naissance de Jiji resta longtemps gravé dans les mémoires. On eut dit que ce jour-là le four à pain du boulanger Bophin calcina la fournée du matin… Que le flanc Nord de la carrière et son échafaudage s’effondrèrent aussi sec… Que le postier du village se perdit en chemin et qu'’on le retrouva trois jours après coincé en haut d’un chêne, acculé par une meute de musaraignes… Ou encore que la réputée chevelure d’or de Jasmine Piedblonds arbora à son réveil une étrange teinte verdâtre, au grand damne de sa mère, qui avait dépensé moult sous en soins et boues réparatrices…

Une folle et incroyable journée en somme qui vit naître un fou et incroyable hobbit. Un petit-homme qui, reposant chétif et mignonet dans son berceau au bord de la fenêtre, fut, le soir même, dérobé par un gobelin mal intentionné ou trop curieux !

« Quel sort cruel ! Un si beau hobbit, tout juste naît ! Quel triste monde ! » Criait-on dans le village à la découverte du malheur… Tous les habitants s’affairèrent à fouiller maisons et bois environnants, un message de recherche fut transmis de village en village et bientôt la Comté toute entière se mit à la recherche du petit nourrisson. Ce fut à l’aube, quand tous les espoirs commencèrent à chanceler, que réapparu, sous un rayon de soleil quasi-mystique, le petit et ingénu Jiji, accourant à quatre pattes, sous les regards médusés des habitants de Scary et affichant un sourire que ces parents n’oublièrent jamais.

Nul ne sait et ne saura ce qui s’est véritablement passé durant cette étrange nuit. A Lézeau on raconte encore que le petit aurait été sauvé par le vieux géant des collines de Brande, auquel personne ne croit d’ailleurs, mais qui, dit-on, aime encore moins les gobelins et les orques que les aimable petites gens et qu’'à choisir il aurait préféré tabasser du crasseux que risquer un infanticide. Au Bourg de Touque, au contraire, on est persuadé que c’est bel et bien le géant qui aurait capturé l’enfant et que, prit de remords, il l’aurait donné aux gobelins pour soulager sa conscience… mais malheureusement les habitants du Bourg n’ont toujours pas trouvé de suite et fin crédibles à cette version des faits… Et dans les autres villages, les hypothèses vont bon train, impliquant tantôt le père Magotte, tantôt les nains dans un excès d’alcool, certains même invoquent le « Grand Malade de Vieille Forêt » dont plusieurs légendes font état.

Moi j’aime croire à l’idée des gens de Scary qui pensent que tout cela n’est que le fruit d’un bien heureux hasard ou, au pire, d’une unique et exceptionnelle concordance favorable des forces qui régissent le « grand tout ». Quoi qu'’il en soit, croyez-moi, les premières heures de la vie de Jiji l’Aventurier annoncèrent clairement la couleur du reste de ses aventures…

La suite au prochain parchemin !

Dernière modification par Catrus (17-03-2013 13:04:30)


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#2 29-03-2012 09:33:20

Orolhion Martelame
Maitre Ferronnier

Re : Les Aventures de Jiji

Orolhion reposa le parchemin avec un grand sourire.
"Voilà bien un hobbit qui semble destiné à quelques aventures ....."
Il regarda alors avidement autour de lui à la recherche d'un autre parchemin relatant la suite de l'histoire de l'ancêtre de Catrus.

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#3 29-03-2012 16:48:34

Tomislav
Echevin

Re : Les Aventures de Jiji

Ouais vivement la suite, on peut dire qu'il a commencé sa vie avec panache celui la!

Par contre si la chanson dit vrai.. Beurk, Lobellia.

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#4 29-03-2012 19:58:52

Cyian
Echevin

Re : Les Aventures de Jiji

Ce que les hobbits peuvent être superstitieux !

Pour sûr que c'était le coup de la Chêvre-Noire-au-Pied-de-Fer, la plus perfide des ræningibarn. D'ailleurs, ils apposeraient une tresse de paille sur la porte des maisons accueillant un nouveau-né (alternant blé et seigle au gré des lunaisons) que pareilles mésaventures ne se produiraient pas.

Ceci dit... et après ? *curiosité attisée*


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On m'dit jamais rien...

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#5 01-04-2012 23:07:36

Catrus
Petit Échevin conteur

Re : Les Aventures de Jiji

J'aime à voir que vous êtes curieux mes chers amis, voici donc pour votre plus grand plaisirs une nouvelle aventure de Jiji, certes plus longues, mais d'autant plus incroyable !


Il a tout vu, tous les patelins
Et chez les elfes, et chez les nains
Des fantômes, des maisons hantées
Et les trésors du vieux Sacquet

On le dit complètement cinglé
Et même quelque peu désaxé
Partout on le connait, Jiji l’Aventurier
Celui qui s'enfonça dans les eaux du Brandevin

La vie dans la Comté suivait son cour comme chaque jour que la vie fait en ce bas monde, aussi simplement que l’eau des ruisseaux qui coule sans jamais quitter son lit, aussi imperturbable qu'’un crapaud buffle bullant entre deux marres. Tous les petites gens s’affairaient à leurs petites habitudes, les petites choses à faire de la journée, entrecoupées de petites siestes et de petites discussions sur les petits villages voisins, sans oublier les énormes et multiples repas. Au milieu de toute cette douce et lente agitation, le jeune Jiji s’ennuyait toujours de pied ferme, si bien qu'’on eut fini par croire que c’était bel et bien l’ennui le véritable moteur de ses rocamboles.

Assis au sommet d’un vieux muret de pierres moussues qui surplombait les Champs-du-Pont, son regard se perdait entre Stock à l’Est et La Grenouillère à l’Ouest. Le jeune hobbit aimait à venir ici et regarder son pays, profitant de la douceur des pierres chauffées par le soleil du matin et de cette vue imprenable qui lui était aussi utile qu'’une carte stratégique pouvait l’être à un grand chef de guerre. Il y voyait toujours maintes petites choses intéressantes, des petits méfaits des Touques aux futures cibles de ses farces et ce matin il vit tout particulièrement, sur un chemin en contrebas, les jeunes et belles hobbites aux cheveux tressées ignorant royalement les spectaculaires exhibitions et combats de coq des garçonnets en salopettes qui tentaient en vain d’attirer leur attention.

Voilà qui attisa grandement la curiosité de Jiji car pour lui cette surprenante comédie n’avait que peu de sens puisqu'’il ne comprenait rien à ces étranges bons sentiments que l’on appelle affection ou amour. Même si beaucoup s’accorderont, comme moi, à dire que les kuduks ont grand mal à concevoir ou même concrétiser ce genre de lien sentimental et charnel aussi bien que ne le font les elfes par exemple, cantonnant trop longuement le véritable amour à de simples amourettes, il est à préciser que Jiji, lui, n’y avait aucun attrait, aucune sensibilité, mais plutôt une peur dissimulée.

Pour celui que tous nommaient l’Aventurier, le Fou, Le Coureur de Rivières, l’'amour était une ‘chose’ inintelligible qui nécessitait, en tout cas dans les mœoeurs hobbits, la présence et l’accord consensuel d’un membre de la gente féminine, or, à ses yeux, les demoiselles, hormis sa mère et la femme du boulanger Bophin, étaient comparables à de jeunes et chétif boutons de fleurs perlés d’'une rosée fraîche sous le doux soleil du matin, si fragiles, si aisément périssables, si vite coupés ou arrachés. En sommes elles étaient définitivement incompatibles avec sa vie d’aventurier.

Mais ce matin-là en voyant les pauvres hobbits s’évertuer à la séduction il se prit d’un nouveau défi, comme si ce lui était imposé par une force supérieur, une grande volonté qui l’avait désigné seul pour montrer à tous qu'’il suffit de peu pour être le plus apprécié de ses dames et ce sans une once de niaiserie, rien qu’'avec un peu de jugeote. Et pour ce faire il s’en retourna chez lui en grande hâte. Il fouilla dans les paperasses accumulées depuis des années par lui et sa famille car il avait souvenir d’un vieux parchemin qu'’il avait volé, dans ses premières années de fougue, chez ce vieux Bilbo Sacquet, sans en avoir jamais saisi auparavant le mystérieux titre : « Alchimie des hommes du Sud et de L’Ouest : connaissances des charmes de vie, de mort, de hoquet rébarbatif et d’amour »

Ce qu'’il entreprit suite à sa lecture, peu le savent car il fit les choses des manières les plus discrètes qu’'un hobbit puisse faire, se déplaçant de nuit, évitant les chemins et les postes de shirrifs. Mes ancêtres prétendent qu'’il se serait rendu à Bree, ainsi qu'’à Duillond et qu'’on l’aurait même aperçu en Evendim, loin au Nord de Castelorge, sur les rives du Brandevin. Quoi qu'’il en soit, il disparut de la Comté assez longuement pour que, très vite, certains s’osent fièrement à dresser son épitaphe dans le ventre d’un troll, dans la cage d’orques poisseux ou broyé entre les mains du géant des collines.

Tous les anciens se souviennent de cette journée-là, où le vieux meunier Bolger s’évertuait à sermonner les jeunes hobbits, comme les moins jeunes d’ailleurs, sur la place de Lézeau : « Voyez gens de la Comté ! Voyez où les imprudentes aventures de ce fou de Jiji l’ont menées ! Il y en a parmi-vous qui continu de penser qu'’il était fort courageux, mais je vous le demande, où donc mène le courage d’un désaxé plein de déraison si ce n’est dans le court bouillon des gobelins affamés ! » Quand il fut soudainement interrompu par la voix puissante de Jiji, arborant une mine fière et déterminée, comme revenu d’entre les morts : « Vieux radoteur de Bolger, vous ne seriez pas moins fou que je ne le serais si j’avais moitié-moins ou moitié plus de vos facultés vieillissantes et pourtant vous êtes plus de doublement plus vieux et sénile que moi, alors rabattez votre clapet plus piaillant qu’'un coucou au printemps ! »… A ces mots, et sous la surprise générale, le vieux meunier Bolger ne sut quoi répondre, pour la toute première fois de sa vie.

Qu’'on se le dise, cette nouvelle journée serait celle de l’Aventurier et il s’y entreprit avec force entrain et détermination si bien qu'’elle resta longtemps inscrite dans les computs de la Comté comme la fois où Jiji séduisit la belle gente hobbite du Carrefour à Stock, des Trous des Grisards à Castelbois, en passant par Hobbitbourg et Lézeau. Il n’oublia aucun village, aucun bourg, faisant la cour à toutes les demoiselles, rabaissant les autres hères au rang de porte-manteau. Encore aujourd'’hui, deux ceux qui s’en souviennent, aucun ne sait comment ou par quel étrange maléfice il parvint à troubler le cœoeur de tant d'’hobbites, car il est fort douteux que de simples poses héroïques, quelques exhibitions pectorales et deux ou trois vers déclamés à la sauvette ne suffisent à faire chavirer leur esprit amoureux.

Sa démonstration ne dura certes qu’un jour et bien que le lendemain, les jeunettes avaient retrouvé leur respectables chasteté, les jeunots quant à eux, par mimétisme ou par fierté, se mirent à leur tour en quête de séduction avec de multiples démonstrations de forces un peu partout dans la Comté et ce fut très vite le chaos… Les Touques notamment laissèrent parler leur folie refoulée dans un concours de celui qui resterait le plus longtemps en équilibre sur un ballot de paille dévalant le flanc Nord du Bourg, et ils avaient décrété sans l’avis des dames, qu’'un baiser serait offert à celui qui atteindrait la rivière vivant. Mais fort heureusement, les hobbites refusèrent de tomber une deuxième fois dans l’erreur et elles ignorèrent, une fois n’est pas coutumes, les spectacles puériles de ces messieurs, ce qui, précisions le, fut « l’un des plus grands crimes pour la démographie des petites gens en Eriador » d’après le Maire en fonction à cette époque.

Cette impensable journée ne prit vraiment fin qu’'au soir, lorsque tous les mâles frustrés et blessés dans leur ego, vinrent se masser devant le petit smial de Jiji, aux abords de Scary. Scandant des slogans des plus saugrenus, ils réclamaient à Jiji des explications ou, au pire, des excuses pour avoir troubler les mœoeurs de la Comté. Malheureusement se dernier restait silencieux dans son trou, provoquant l’assemblée, jusqu’'à ce que, sans surprise aucune, un jeune Touque lui lança un défi en guise de clôture du conflit : « Si séducteur il y a, dans cette silencieuse maisonnée, qu'’il soit mis au défi de nous le prouver à tous en séduisant Dame Lobelia (1) ! » A ces mots certains se ravirent, d’autres s’étonnèrent, mais la plupart étaient pris d’une grande pitié pour le jeune Jiji… un tel défi, aucune personne bien portante et bien-pensante ne l’aurait relevé. Mais c’était sans compté l’Aventurier, qui sorti de son smial, le regard déterminé, et s’en alla vers la résidence des Sacquets de Besace, suivi d’un cortège de curieux qui avaient déjà oublié tout griefs contre celui qui allait affronter la Lobelia !

Ce qui se passa ensuite, peu de kuduks s’en souviennent aujourd'’hui, mais laissez-moi vous conter la vérité de cette incroyable moment. Le jeune Jiji s’en alla frapper à la porte de Lobelia à l’heure où le soleil disparaissait derrière l’horizon et remis sa chemisette en place et coiffa ses cheveux d’un geste de main. La grande porte ronde s’ouvrit et un silence de cimetière s’installa. Lobelia, qui fut d’abord surpris par tant de monde amassé derrière sa haie, fini par aviser ce « bouffon de Jiji » comme elle se plaisait à le nommer. Ce dernier, avec une confiance aveugle en son stratagème, entonna d’une voix forte la douce poésie des bleuets : « Lobelia, Lobelia, vous êtes à mon coeœur ce que les pétunias sont aux parterres de fleurs. Les Bleuets sont éclos et… » Il fut violemment interrompu par le rire strident de Lobelia qui le congédia aussi sec. Alors qu'’elle lui riait au nez et que l’assemblée toute entière commençait à s’égosiller de moqueries, il la saisit par la taille et l’embrassa avec la fougue et la folie qui le caractérisait. Après le baiser le plus espionné et le plus commenté de toute l’histoire de la Comté, il fit demi-tour et s’en alla aussi simplement qu’'il était venu, sous les regards éberlués de la foule, laissant la pauvre Lobelia, évanouie sur son perron.

Peut-être croirez-vous à l’hypothèse du maléfice ou du charme de séduction, peut-être croirez-vous à quelque chose de plus pragmatique telle que l’hypnose… ou peut-être ne croirez-vous pas du tout à cette histoire, mais quelles qu’en soient les certitudes ou les doutes à ce sujet, il restera une chose évidente et certaine, ce jour-là, Jiji l’Aventurier avait réussi son véritable défi, celui de mettre sans dessus dessous la Comté et s’amuser comme un petit fou.

______________________________

(1): Notez que parler de Dame Lobélia Sacquet-de-Besace à la même époque que Jiji l'Aventurier est un anachronisme, mais pour en saisir la raison il est important de comprendre que par le cruel hasard de la vie, les Sacquet-de-Besace n'ont jamais été gâtés par la nature en terme de beauté et d'élégance et c'est d'autant plus vrai pour leurs filles, et encore plus avéré chez Lobélia (ce qui est un hasard encore plus cruel et malheureux car c'est une Sanglebuc !). Cette dernière représentant donc à elle seule l'image même de la vieille hobbite acariâtre, et comme personne dans la Comté ne se souviens des prénoms des anciennes dames de la famille, c'est le prénom de l'actuelle Sacquet-de-Besace qui est fréquemment utilisé.

Dernière modification par Catrus (17-03-2013 13:04:01)


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#6 06-04-2012 11:24:26

Orolhion Martelame
Maitre Ferronnier

Re : Les Aventures de Jiji

Orolhion repose le second parchemin un sourire aux lèvres.
décidément ces hobbits sont capables du courage le plis fou par simple défi....

Le gardien frémit à l'idée de la scène finale.

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#7 06-04-2012 13:23:03

Maître Kaldi
Compagnon

Re : Les Aventures de Jiji

Alors ? demanda Cyian à son nain lecteur attitré. Cette suite ?

Maître Kaldi, rubicond après la lecture silencieuse des affres impudiques de Jiji cherchait encore ses mots à travers la foule de Grumphs scandalisés qui lui venaient spontanément aux lèvres.
Après une forte inspiration suivie d'un profond silence, le nain se lança, grave :

- Apprenez l'Ostengaardt que le brave Maître Scovert, sous ses airs enthousiastes et charmeurs, dissimule l'ombre pesante d'une infamie familiale. Cette honte compréhensible explique sans doute les risques inconsidérés qu'il fait courir à sa santé.
- Vrai, Maître Kaldi ?!! Dîtes voir ! De quelle infamie cause ce bout de papier ?

Une courte hésitation et le nain répondit :

- Il serait préférable que je ne vous en dise rien. Vous avez pris de bonnes et saines résolutions en matière de mœurs et il serait dommageable -financièrement tout au moins - que vous vous laissâtes influencé par l'exemple déplorable ici consigné. On y "cause" de stupre et d'agressions sur de jeunes hobbites tressées ainsi que du déshonneur publique d'une honorable vieille dame. C'est plus qu'il n'en faut pour bouleverser un esprit impressionnable comme le vôtre. Cyian grimaça, mais se garda de tout commentaire. Évidemment, il y a derrière cette déchéance la trace patente d'une vile magie elfique, telle qu'on la pratiquait aux Âges sombres de ce monde... Grumph ! Promettez moi Ostengaardt de ne point chercher à découvrir le contenu de ce ramassis de vices !
- Mais bien entendu, dvergherr' ! Vous savez combien vos conseils me sont précieux, s'empressa de répondre Cyian avec cette expression sage, docile et niaise qu'il empruntait à Foncombe quand Elrond tentait patiemment de lui expliquer les tenants et aboutissants des quêtes qu'il lui confiait.

Un brin suspicieux, le vieux nain rangeait minutieusement le second parchemin dans un étui cacheté quand il surprit un éclair de malice dans le regard d'ordinaire éteint du chasseur.

- Par la barbe de l'Ancêtre ! rugit-il. Ostengaardt, vous l'avez déjà lu !
- Pas vraiment Maître nain, mais Orolhion m'en fit la lecture, pas plus tard que ce matin. Et personnellement, je n'ai pas trouvé de méchanceté dans c't'histoire-là. Par chez nous, on a pire, vous savez...
Je vous avais raconté qu'un Esprit du Lac s'amusa, des années durant, à féconder les lavandières d'Egaroþ ? GrosJonc qu'on l'appelait. En fait, c'était le fils de Gaardfrelek, le ferronnier boiteux, qui avec quelques mousses et un peu de vase s'était...
- GRUMMMMPH !

Dernière modification par Maître Kaldi (06-04-2012 13:25:25)


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Grumph !

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#8 12-04-2012 17:57:12

Tomislav
Echevin

Re : Les Aventures de Jiji

Bravo Catrus, belle histoire !
*se tape sur les cuisses*

Et l'ébauche d'une chanson en prime !

Dernière modification par Tomislav (12-04-2012 17:57:22)

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#9 13-04-2012 08:23:32

Eogwyn
Compagnon

Re : Les Aventures de Jiji

Excellent !

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#10 15-04-2012 03:08:44

Catrus
Petit Échevin conteur

Re : Les Aventures de Jiji

Et voici donc une nouvelle aventure de mon cher ancêtre Jiji, glané, étudié, retranscrite et mitonné par mes soins, pour vous chers lecteurs. J'espère que vous apprécierais. Les faits sont véridiques ! Merci pour vos félicitations et encouragement, et bonne lecture à vous !

Il a chanté, il a dansé
Et bien souvent étant bourré
A des banquets et des festins
Et même parfois chez les gobelins

Tout l’monde l’adore ou le déteste
Mais lui, il n’est jamais en reste
Partout on le connait, Jiji l’Aventurier
Celui qui mit le feu à toute la Comté


Les premiers souvenirs de l’'histoire que je vais vous conter ont été rapportés par ma regrettée et quatre fois bisaïeule Lella Rouquin, qui par une paisible après-midi d’été, filait imperturbablement la laine dans l’ombre fraîche de la butte de son smial. Elle insista à l’époque de son récit pour que, chaque fois qu'’on le raconte, l’on précise bien que sa splendide maisonnée aux briquettes rouges se situait dans la Quartier Est, bien au-delà de Lagrenouillère, mais pas non plus aux abords de Stock et qu’'elle avait été construite par son plus que défunt mari dans une petite cuvette de verdure perdue entre les premiers reliefs du Pays des Collines Vertes au Sud et la route pavée qui surplombe l’Eau, au Nord. Une brise froide et pure dévalait la cuvette aux première lueurs du matin tandis qu’'un agréable vent chaud la remontait au coucher du soleil, dispersant les pollens et les senteurs du chèvrefeuille sur la terrasse et aux balcons.

C’est donc dans ce cadre idyllique que Lella filait laine, disais-je, sous le soleil de l’'après-midi, préparant ainsi les toutes premières réserves pour l’hiver et ses froides journées. Alors qu’'elle s’efforçait de ne pas emmêler ses fils, un vacarme de cris et de hurlements vint soudain bouleverser le silence de sa résidence, tels les croassements criards d’une famille de corneille un jour de deuil. Intriguée et fortement agacée par ce chaos approchant, elle se leva prestement de sa chaise à bascule et gravit à grande enjambées la pente herbeuse qui menait à la route. A peine arriva-t-elle au bord des vieux pavés qu’elle vit le jeune Jiji qui galopait de toute hâte, passant devant elle en lui adressant un rapide «Bonjour Mamie !». Suivant sa course du regard, qui passait à toute vitesse de l’Ouest à l’Est, elle n’eut pas le temps de dire un seul mot qu’'une horde de hobbits enragés déboulèrent brusquement devant elle, traversant son champ de vision aussi rapidement qu'’un troupeau de sangliers apeurés. Le jeune Frégond Chaumine, qui s’était détaché de l’assourdissant peloton, vint auprès de ma chère aïeule, qui se remettait tout juste de la surprise et lui dit à peu près ceci :
«Ahhh par les orteils du vieux Fierpied, Dame Rouquin ! Par le Ciel, la Terre et les muffins ! Vot’' p’tit fils nous en a encore fait voir de toutes les couleurs, des vertes et des pas mûres ! Ohhh j’vous l’'dis sur les Citrouilles du vieux Brandebouc, Dame Rouquin,  il va passer à la casserole, et pour de vrai c’te fois ! Aussi vrai qu'’un Touque est un fou !
- Rien d’'étonnant à cela !, répondit la grand-mère avec un petit geste dédaigneux de la main par-dessus son épaule, connaissant la folie de son petit fils et appréciant en secret chacune de ses bêtises. Ce qui m’'intéresse, jeune impertinent, c’'est ce qu’'il a fait ! A-t-il réussi à dresser un gobelin cette fois-ci ? Ou est-ce la Comté qui prend feu ?!
- Croyez pas si bien dire Dame Rouquin !» Hurla le hobbit affolé en pointant le doigt vers l’'Ouest, d’'où s’'élevait, derrière les collines, une épaisse fumée noire.

Lella observa un instant le spectacle lointain puis se tourna vers le jeune Frégond avec une mine énervée, presque colérique, les sourcils froncés et les lèvres pincées, laissant échapper un grognement si inquiétant que le hobbit, se sentant de trop, reprit prestement sa course. Elle le suivi un instant du regard puis s’en retourna chez elle, fredonnant un petit air guilleret et le sourire jusqu’'aux oreilles.

Ainsi prend fin le récit de grand-mère Rouquin, mais l'’histoire n’est pas terminée et comme beaucoup de hobbits à l’'époque, vous conviendrez que l'’on se demande vraiment comment Jiji l’'Aventurier a-t-il réussi à enflammer une partie de la Comté… Hélas les explications divergent encore sur ce détail. On distingue ceux qui soutenaient la thèse de la pyromanie compulsive de ceux qui laissèrent éclater au grand jour leur paranoïa infondée en avançant la thèse d’'un attentat revendiqué par une occulte organisation de nains expansionnistes… Ajoutez à cela ceux qui s’en amusaient et ceux qui répondaient et répondent encore aujourd’'hui sans cesse que c’'est un coup des Touque et vous obtenez une horde de petites gens affolés, énervés ou en plein délire, qui préfèrent laisser aux dames et aux enfants la charge d’'éteindre les feux pour aller courir après le pauvre Jiji qui soutiendra sa vie durant que, ce jour-là, un vent pernicieux soufflait sur la Comté et qu'’il fut une bien mauvaise idée d’'allumer un feu de camp.

Le feu avait démarré dans un petit bosquet touffu non loin d’Hobbitbourg où, dit-on, on retrouva après l’'extinction un chapelet de saucisses calcinée, mais l’affaire fut vite étouffée. Les premières flammes s’étaient rapidement propagés jusqu’aux habitations, ce qui provoqua les premiers élans de panique où des dizaines de kuduks évacuaient en hâte leur maison, les bras chargé de nourriture, et hurlant déjà à la fin du monde. Une fois n’est pas coutume, les damoiselles de la Comté prirent vite les choses en mains et organisèrent des chaînes de sceaux d’eau jusqu'’à la rivière, tandis que ces messieurs chahutaient déjà le jeune Jiji qui, plein de bonne volonté, essayait désespérément de fournir des explications à ce chaos. Ceci ne dura qu’'un temps, alors que les flammes se faisaient de moins en moins menaçantes, Jiji constata que son auditoire se faisait quant à lui de moins en moins compréhensif et attentif et il jugea rapidement que prendre la fuite était la meilleure des choses à faire à ce moment précis.

S’'en suivi alors une incroyable course poursuite entre l’Aventurier et le quart des hobbits de la Comté, tous autant prêt à en découdre que le vieux bouc sénile du père Sanglebuc. S’en était trop se disaient-ils, «qu'’on l’enferme une bonne fois pour toute» hurlaient certains. Tous en avait plus qu’'assez des folies souvent dangereuse de Jiji et ce feu, certes dérisoire, fut la goutte d’eau qui fit déborder la marre. A mesure qu’'il courrait, le ‘pyromane innocent’ entendait les accusations et les grognes fuser derrière lui comme des coups de lance dans le fessier, mais son désarroi prit soudainement fin pour laisser place à la panique la plus totale quand il réalisa que sa course folle l’avait mené jusqu'’au pont du Brandevin et que face à lui arrivait une charrette de foin tractée par un bœoeuf plein d’'embonpoint. Freinant brusquement devant le bovin, qui le regarda dans le blanc des yeux sans moucheter et dans l’impossibilité de se faufiler d’un côté ou d’'un autre de la charrette, il n’'eut d’autre choix que de se retourner et faire face à ses juges.

«Et bien l’'Aventurier, hurla l’'un de ses détracteurs, quelle ironie d’'être un aussi bon coureur et se retrouver bloqué à cause d’un léger surpoids ! Ahah !
- Monsieur,
répondit Jiji, votre plaisanterie est à l'’Humour, ce que la poésie est aux gobelins.
- C'est-à-dire ?!
- Sans intérêt pardi !
»

Alors que des cris de colère s’'élevaient de la foule en émois, provoquée par la fougue impétueuse de Jiji, ce dernier se hissa sur le rebord du pont dans un geste athlétique et lança d'’une voix forte : « Permettez-moi de vous montrer qu’'en plus d'’être bon coureur, je suis aussi bon nageur. A la revoyure ! » Puis sous les regards effrayés des hobbits, il se jeta du haut du pont, effectua un magnifique plongeon comme on en eut jamais vu dans la Comté, et disparut dans les profondes eaux du Brandevin. Immédiatement après, la foule de kuduk se précipita au rebord du pont et ils scrutèrent le petit bouillon de remous laissé par Jiji en contrebas, seule preuve tangible de ce qu’'ils avaient cru voir. Quelques minutes d'’attente et d’angoisse s’écoulèrent et déjà certains détournaient le regard, le croyant noyé comme tous les hobbits qui s’aventurent là où ils n’ont plus pied (1). Mais soudain quelques bulles remontèrent à la surface, les respirations se stoppèrent nettes, et ce fut Jiji tout entier qui surgit des eaux une trentaine de mètres plus loin, bien vivant, prenant même le temps de recoiffer ses cheveux d’un geste quasi-héroïque. La foule entière était en délire, scandant des vivats de joie et des encouragements à l’'attention du hobbit complètement fou qui avait braver les eaux profondes, leur rappelant à tous que rien n'est impossible.

Ainsi se termine cette histoire. Ce jour-là, tous oublièrent les griefs qu'’ils avaient contre le pyromane, il se précipitèrent sur les rives du fleuve pour admirer Jiji qui était devenu leur héros d’'un jour, dansant et chantant autours de lui, offrant leur veste ou leur chemise pour le réchauffer et élevant déjà ce moment magique comme évènement majeur de l'’histoire de la Comté. Certains même trouvèrent pertinent de lui accorder la nouvelle appellation de Jiji le Coureur de Rivière…

On se permettra un petit épilogue pour rendre un ultime hommage à l'âme généreuse du vénérable grand père Talus, illustre amateur de bonne bière, qui tenta quelques jours après de renouveler le défi de Jiji un soir de fête et grâce à qui l'on sait aujourd'hui que non seulement il est fort dangereux de nager, mais que cela devient mortel lorsque l'on n'est point sobre...

Une nouvelle aventure au prochain parchemin !

(1): [small]Pour les aimables lecteurs elfiques et nains qui auraient passé ces trois cents dernières années enfermé dans une cave humide ou dans une prison dorée, et pour les femmes et les hommes qui auraient passé toute leur jeune vie loin des livres, des conteurs ou des ménestrels, sachez que le peuple des Petites gens de la Comté ne sait pas nager. Nous aimons barboter sur les bords de l'eau, mais la nage et les embarcations sont pour nous source de grands malheurs. (Je précise bien 'de la Comté', car il existe, ou existait jadis, des aïeux qui savaient naviguer sur les eaux de l'Anduin et y nageaient même parfois). Si vous l'apprenez, pas de panique, il n'est jamais trop tard pour se cultiver. Cela dit, relisez juste les deux derniers paragraphes pour en apprécier toute subtilité et notamment le caractère héroïque.[/small]

Dernière modification par Catrus (17-03-2013 13:11:54)


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Pleurer la fin de l'herbe ne remplira pas la pipe ...

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#11 15-04-2012 09:25:50

Orolhion Martelame
Maitre Ferronnier

Re : Les Aventures de Jiji

Alors qu'il terminait de lire le parchemin, Orolhion se mit à rire doucement.
Non seulement les hobbits sont capables de mettre le feu à la comté pour se nourrir mais en plus ils plus inconstant que n'importe quelle créature d'Arda. Sacré semi hommes!

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#12 15-04-2012 12:25:53

Cyian
Echevin

Re : Les Aventures de Jiji

Cyian, à l'écoute de ce récit, ne pouvait extirper de son esprit capricieux, cette pensée profonde : Ils sont smauggément fous, ces hobbits !


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On m'dit jamais rien...

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