La Confrérie du Dragon Eteint

Vous n'êtes pas identifié(e).

Annonce


#13 21-04-2012 12:13:30

Maître Kaldi
Compagnon

Re : Les Aventures de Jiji

Grumph !!!

Et la suite ?! C'est bien gentil de mettre le feu à la Comté ! Mais cela ne peut se finir ainsi...

Maître Scoveeert ! Qu'en est-il de cette fripouille d'ancêtre ?


678532BANKaldi.png
Grumph !

Hors ligne

#14 04-05-2012 12:01:07

Catrus
Petit Échevin conteur

Re : Les Aventures de Jiji

Rassurez-vous Vénérable Maître Kaldi, les feux ont été éteints en peu de temps et il n'y eu aucune victimes !

Pour ce qui est de l'ancêtre, vous pouvez d'ores et deja lire sa nouvelle aventure retranscrite dans le cadre du Concours d'écriture de la Plume du Dragon. Bonne lecture !


bannière
Pleurer la fin de l'herbe ne remplira pas la pipe ...

Hors ligne

#15 12-05-2012 15:01:51

Cyian
Echevin

Re : Les Aventures de Jiji

[HRP]

Je viens de lire le nouvel opus des Fantastiques & néanmoins Authentiques Aventures de Jiji et je ne veux pas influencer le jury, mais c'est tout simplement brillant ! J'adore !

[/HRP]


298317BANCyian.png
On m'dit jamais rien...

Hors ligne

#16 26-05-2012 01:29:41

Catrus
Petit Échevin conteur

Re : Les Aventures de Jiji

En attendant que les jury du concours de la Plume du Dragon délibèrent, je n'ai pas pu me retenir de vous retranscrire une nouvelle aventure de mon cher ancêtre, surtout quand je vois l'entrain que certains ont à la lecture.

Voici donc la 5ème aventure retranscrite, pour votre plus grand plaisir !

Où qu’vous alliez dans la Comté
Et même au d’là si vous voulez
Vous entendrez toujours parler
Du plus grand des aventurier

Un pti bonhomme très autonome
Un gentilhomme très gastronome
Partout on le connaît, Jiji l’Aventurier
Celui qui, sans vergogne, osait défier les Hommes



Lectrices, lecteurs... ou dans le cas où je me prendrai à conter cette histoire, auditrices, auditeurs, prenez vos aises et écoutez le déroutant et néanmoins véridique récit de Jiji et l’Anneau du destin.

Tout commença lors d’une banale après-midi d’Halimath1 dans les hautes pinèdes des Collines Brandes. Sous l’implacable soleil que les sapins dégarnis peinaient à ombrager, trottinait gaiement Jiji l’Aventurier, un baluchon sur l’épaule et un grand chapeau de paille tressée sur la tête. Il descendait la colline en décrivant de larges zigzag et en chantant bien haut des airs depuis longtemps oubliés. Alors qu’il approchait des berges abrupts du Brandevin, qui s’écoulait, bouillonnant, vers le Sud, un tintement se fit entendre en amont de la colline, puis un bruit plus sourd, un court silence et à nouveau un tintement, plus proche cette fois-ci. Jiji, curieux, leva les yeux vers le grand talus qui le surplombait et il eut tout juste le temps d'apercevoir un bref reflet lumineux entre les sapins lorsqu’un anneau vint atterrir subitement sur sa figure.
S’étant relevé, car oui, il était tombé non moins sous le surprise que sous la douleur, il ramassa l’étrange anneau qui gisait entre ses deux pieds velus et l’examina un instant, appréciant son poids et ses agréables miroitements d’argent. Après un moment, il leva la tête et porta son regard aussi loin qu’il le put dans la direction d’où l’anneau était venu. Selon toutes vraisemblances, il semblait avoir dévalé la colline depuis son sommet. En temps normal, et comme la plupart des petites gens, Jiji aurait eu grand plaisir à prouver sa politesse en allant rendre son bien à celui qui l’avait égaré2, seulement, en haut de cette pinède là, résidait le méconnu mais néanmoins dangereux Géant des Collines de Brandes et il était fort inapproprié d’aller le déranger et d’autant plus en s'y présentant avec une allure de voleur d’anneau. Jiji réfléchit un court instant, suite à quoi il glissa l’anneau dans sa poche, récupéra son baluchon et repris la route de Scary.

La nuit passa, comme une grande ombre silencieuse et paisible, et de bon matin, dans son petit smial fleuri, Jiji se préparait à se rendre au marché. Petit veston de satin bleu et fin pantalon de lin blanc, sans oublier le panier et la pipe. Mais avant d’ouvrir la porte et de mettre un pied dehors, il jeta bref un regard vers le petit buffet à côté de l’entrée, où reposait l’anneau d’argent. Il hésita un moment puis d’un rapide geste de la main, il s’en saisit et le mit à son doigt. Un discret surcroît d'élégance, se dit-il, serait le bienvenu pour un jour de marché.
C’était justement le grand marché de Lézeau qui rassemblait toute la Comté chaque premier dimanche du mois et Jiji allait, sans le vouloir, en faire un jour aussi troublant qu’inoubliable. Aussi rare que cela puisse être et aussi incroyable que cela puisse paraître, quasiment toutes les histoires qui se rapportent à cet évènement, concordent sur le fond. Elles prétendent toutes que ce jour-là, tout ce que Jiji toucha ou frôla se changea en toutes sortes de cucurbitacées. En effet, quelques uns des porcs du vieux Brandebouc devinrent d’énormes citrouilles boursouflées, les superbes étales du fermier Doucefeuille se couvrirent d’une jungle touffu de courges et de calebasses, tandis que les délicieux saucissons du Père Bophin se muèrent en de somptueuses courgettes et ses tomes de fromage en pastèques dévalant les tablées et les ruelles de Lézeau. Les transformations étant instantanées et, sembla-t-il, définitives, tous considérèrent, à l’époque, qu’on évita le pire, et qu’on eut bien de la chance que Jiji ne serra la main d’aucun kuduk. Bien des années plus tard, on ne se plaignît plus que de fait d’avoir avaler de la soupe de courgettes pendant trois semaines.

Bien que certains habitants de Grand’Cave, versé dans la politique et le mercantilisme, avancèrent l’idée d’utiliser ce prodigieux don pour prévenir les jours de disette et pourquoi pas ouvrir un commerce de cucurbitacées entre la Comté et le Palais de Thorin, il n’en fut finalement rien. Poliment chassé du marché, Jiji rentra chez lui en pestant contre cette nouvelle plaie qui le suivait.
Une fois chez lui, il s’assit devant une assiette de muffins aux myrtilles et se mit à réfléchir. Qu’avait-il fait, qu’avait-il touché ou mangé, quels mots avait-il prononcés entre hier et aujourd’hui pour provoquer un tel maléfice ? Alors qu’il s’apprêta à entretenir sa réflexion d’une bouchée de muffin, ce dernier se changea brusquement dans sa main en un petit melon et tandis qu’il l’observait, il comprit soudainement l’origine de cette étrange magie. C’était l’anneau d’argent ! Cet étrange anneau, qu’il retira aussi tôt de son doigt, devait avoir le pouvoir secret de faire apparaître des cucurbitacées, et il s’en assura aussitôt en palpant généreusement sa table, ses muffins, son buffet et tout ce qui l’entourait, constatant que rien ne se transformait en légumes. Satisfait de sa découverte, il déposa l’Anneau de Courge, car c’est ainsi qu’il le nomma, dans son coffre scellé et en détourna ses pensées pour le reste de la journée.

Sa décision quant au bijou magique fut prise le lendemain matin, au sortir de son lit. Certes il comprenait aisément qu’on veuille ardemment se débarrasser d’un tel objet, tant sa commodité est douteuse et son utilité limitée, mais tout de même, un tel pouvoir ne devait être jeté du haut d’une colline comme un vulgaire déchet, et ignorer à se point les possibles retombées sur les gens qui le récupéreraient était une négligence inadmissible qui se devait d’être corrigé. Jiji reprit donc la route du Pays des Collines de Brandes pour aller rendre son anneau au Géant négligent.
Il refit donc, en sens inverse, tout le chemin qu’il avait fait deux jours plus tôt si bien qu’il arriva au campement du Géant avant que le soleil n’atteigne son zénith. Malheureusement pour Jiji cette course fut bien vaine car l’endroit était désert et même le foyer du feu était éteint et froid. L’espoir ne l’abandonna pas pour autant alors qu'il déposait l’anneau sur un large rocher sculpté qu’il supputa être une table pour géant. Pendant un long moment il resta là à attendre en fixant le bijou, souhaitant parfois le reprendre et le mettre à son doigt, mais il fini tout bêtement par s’assoupir contre la table de pierre, accablé par le contrecoup de sa rapide ascension du matin.

Une bonne heure plus tard, quand il fut réveillé, il palpita en constatant avec surprise que le Géant était revenu pendant sa sieste. Ce dernier constatant à son tour le réveil du hobbit, lui adressa la parole, premier contact, s’il en fut, entre un kuduk et le Géant.

“Bonjour petit hobbit. Dit-il d’une voix grave et grondante. C’est bien la première fois qu’un membre de votre état vient me rendre visite, j’avais presque fini par croire que vous aviez peur de moi ! AH AH AH !”

Le Géant, qui était haut comme six ou sept fois la taille de Jiji et vêtu d'un assemblage de peaux d'ours et de biches, faisait trembler la terre en parlant et Jiji poussa un petit cri de panique avant de balbutier une réponse.

“C’est... C’est le Brandevin, nous n’aimons guère le traverser... sinon croyez bien que nous ne délaisserions pas une telle amitié !
- Pourquoi donc avez-vous bravé l’eau et la montagne pour venir jusque dans mon domaine, dans ce cas ?
- Pour vous rapporter ce que vous aviez égaré ! Votre Anneau de Courge !
” Répondit Jiji en pointant du doigt l’anneau qui n’avait pas quitter la table.
Le Géant observa l’objet en question et sa mine devint grise et agacée, comme une vieille falaise de granite aux traits humains qui s'use et s’érode en un éclair, paraissant alors plus vieille et altérée...
“Oh non non non, je n’en veux plus ! Je n’en veux pas... Moi qui pensais qu’il atteindrait le tumultes des eaux et qu’il disparaîtrait dans le néant... Je n’en veux plus, reprenez-le !
- Ah non Monsieur le Géant, je n’en veux pas non plus ! Il est à vous après tout, pourquoi ne voulez-vous pas le garder ?
Rétorqua Jiji.
- Parce que quand je l’ai près de moi, j’ai toujours le désir de le passer à mon doigt, et lorsque je le porte, je m’étouffe à chaque gorgé d’eau que je bois ! La moindre gouttelette de rosée suffit à m'étrangler... J'avais enfin réussi à m'en débarrasser l'autre jour, et voilà qu'il revient à moi... Croyez-vous à un pareil maléfice ? Je suis bien las qu’il me rappel sans cesse mon funeste destin... La face du Géant paraissait alors se rapetisser, encore et encore, et sans même qu'on ne l'eut remarqué, il s'était deja assis et recroquevillé sur lui même, comme un enfant qui se réfugie dans un songe.
- Funeste destin ? Mais de quoi voulez-vous parler ? Demanda le hobbit, piqué par la curiosité.
- Et bien de l’anneau pardi ! Je l'ai trouvé il y a bien longtemps quand je vivais encore dans les hautes crêtes bordant le lac Evandim. Un jour, je suis tombé par hasard sur un nain avec un énorme casque et dont le bas du corps était broyé sous un immense rocher qui s'était détaché des hauteurs. Agonisant, il employa ses dernières forces à me donner ce qu'il appela l'Anneau du Destin, prétendant que son pouvoir était lié à la funeste destinée de son porteur... Puis il mourut avec un profond rictus de contrariété sur son visage.
- Hum... il s'agit donc bel et bien d'un anneau magique... et par conséquent, vous en avez conclu que...
- Que je mourrais noyé... Oui... mais j'essaie de ne pas y penser et je me garde bien d’approcher les rives du fleuve.
Répondit le Géant, d’un air désabusé, avant d’ajouter : “A chaque porteur son destin, a-t-il un effet sur vous ?”

Jiji ne répondit pas à la question et finalement ils décidèrent tout deux qu’enterrer l’anneau sous une dalle des ruines d’Ost Barandor, non loin, précautionneusement déplacée par le Géant, fut la meilleure des chose à faire. Après quoi il rentrèrent chacun dans leur foyer respectif et s’efforcèrent les jours suivants de ne plus penser à cette journée.

Cette histoire hanta longtemps l’esprit de mon ancêtre Jiji, aussi longtemps qu’il eut bien voulu le préciser, si ce n’est pas plus, dans le secret de ses sombres pensées. Maintes fois il désira retourner dans les ruine des Collines de Brandes pour récupérer l'anneau. Peut-être fallait-il voir le comme une mise en garde... Ou était-ce un sombre stratagème visant à baisser la vigilance de son porteur... Autant de questions qu'il finit par oublier, arrêtant par la même toutes extrapolations farfelues liant son destin à des cucurbitacées et, très vite, ses aventures reprirent de plus belle, comme si aucun anneau d'aucune sorte n'avait jamais existé.

La suite au prochain parchemin !


1 [small]: Halimath correspond au mois d’Août en Westron.[/small]
2 [small]: Discréditons par ailleurs la vieille et persistante rumeur qui cours en Pays de Bree et qui dépeint les hobbits comme d'excellents voleurs amoureux des petits larcins et tout particulièrement attirés par ce qui brille. Vaste fumisterie dont les fondements instables reposent sur une autre rumeur selon laquelle le plus connu des hobbit, Bilbon Sacquet, serait un voleur émérite d'anneaux de grande valeur... Mensonge et calomnie qu'il faut oublier dès à présent.[/small]

[HRP]

@Cyan : J'espère pourtant secrètement que ton avis influencera le jury d'une manière ou d'une autre ^^ En tout cas, merci !

[/HRP]

Dernière modification par Catrus (27-05-2012 14:03:08)


bannière
Pleurer la fin de l'herbe ne remplira pas la pipe ...

Hors ligne

#17 26-05-2012 03:34:53

Orolhion Martelame
Maitre Ferronnier

Re : Les Aventures de Jiji

Après lecture du parchemin, Orolhion passa le reste de la journée à se demander quelle destinée peut-être lié avec des courges.

[hrp] Non non il n'y a pas moyens de nous influencer. Nous sommes incopruptib...incorompab....incompet....non plus...incrocuptib.........Tu peux mettre les po et les muffins dans ma boite aux lettres [/hrp]

Hors ligne

#18 27-05-2012 12:47:26

Cyian
Echevin

Re : Les Aventures de Jiji

[HRP]

Je suis très déçu par cet épisode. Jusqu'à présent, les Aventures de Jiji prenaient quelques distances avec l’oeuvre de Tolkien, gagnant en originalité, en fantaisie et en imagination. Ce passage au contraire n'est qu'une extrapolation scolaire et fidèle du livre. C'est vraiment dommage.

Preuve à l'appui pour ceux qui n'ont pas relu la trilogie récemment :

"La Communauté de l'Anneau, Chapitre II L'Ombre du Passé" JRTT a écrit :

[[small]Gandalf rend visite à Frodon, lui demande de soumettre l'anneau au feu de son âtre et de lire les inscriptions qui s'affichent.[/small]]

- Je ne puis lire les lettres de feu, dit Frodon d'une voix mal assurée
- Non, dit Gandalf, mais moi, je le peux. Les lettres sont de l'elfique, l'un de leurs nombreux idiomes tarabiscotés mais la langue est celle de Mordor, que je ne saurais prononcer sans un accent épouvantable. Voici toutefois en langue commune ce que cela dit, assez littéralement :

Un anneau pour les gouverner tous. Un anneau pour les trouver,
Un anneau pour les amener tous et dans les ténèbres les lier.

Ce ne sont que deux vers d'un poème depuis longtemps connu dans la tradition elfique :

Trois Anneaux pour les Rois Elfes sous le ciel,
Sept pour les Seigneurs Nains dans leur demeures de pierre,
Neuf pour les Hommes Mortels destinés au trépas,
Un pour qui voudra bien le prendre,
Et très accessoirement,
Une babiole chère au Seigneur Ténébreux sur son sombre trône
Dans le Pays de Mordor où s'étendent les Ombres
Etc, etc...

Il s’arrêta, et puis dit lentement d'une voix grave :

- Celui-ci est le Maître Anneau, l'Anneau Unique pour les gouverner tous. C'est l'Anneau Unique perdu il y a bien des siècles, au grand affaiblissement de son pouvoir. Il le désire immensément - mais il ne sait pas où il est.

Frodon restait assis en silence et sans mouvement. La peur qui l'avait saisi un instant comme une vaste main, un nuage sombre qui se lèverait de l'Orient pour l'engloutir, se dissipait progressivement.

- Cet anneau ! balbutia-t-il. Ce n'est donc pas celui de Jiji ? L'anneau de Destin qui faillit noyer la Comté sous des tonnes de cucurbitacées ?
- Résolument pas, répondit Gandalf.

Un silence lourd accompagna le cheminement de cette annonce. Puis, de concert, les amis réconfortés éclatèrent de rire.

- Quelle bonne nouvelle que voilà ! hoqueta joyeusement Frodon. Je craignais tant que Bilbon eût retrouvé la trace de ce damné Jiji que j'en perdis sensiblement l'appétit.
- Telle était aussi ma crainte première, avoua Gandalf. Mais il n'en est  rien et ce grand péril peut être écarté.

Ragaillardi, Frodon se leva - plus léger, lui sembla-t-il, qu'il ne l'avait été depuis bien des années.

- Une mousse, Gandalf ?
- Volontiers.

tongue [/HRP]

Dernière modification par Cyian (27-05-2012 16:20:19)


298317BANCyian.png
On m'dit jamais rien...

Hors ligne

#19 27-05-2012 13:56:22

Catrus
Petit Échevin conteur

Re : Les Aventures de Jiji

[HRP]

J'ai eu très peur au début puis à la fin de ma lecture je n'ai pu m'empêcher de dire en riant bien haut "Ah l'enflure, il m'a bien eu !" :-P

Merci beaucoup Cyian pour ce commentaire, Du Tolkien revisité sauce Jiji, je ne pouvais imaginer plus grand honneur ! Je suis touché...

[/HRP]

Dernière modification par Catrus (27-05-2012 13:57:03)


bannière
Pleurer la fin de l'herbe ne remplira pas la pipe ...

Hors ligne

#20 07-06-2012 13:58:48

Catrus
Petit Échevin conteur

Re : Les Aventures de Jiji

Je compile avec les autres textes, cette aventure incroyable de Jiji, qui jusqu'ici était entre les mains des jury. Bonne lecture à ceux qui n'ont pas encore eu l'occasion de la lire.

Et en prime, une partition qui sied très bien à la lecture des aventures de Jiji

Ami d’infortune

« Ah qu’il est bon de pousser quelques gouzi gouzi » s’extasiait Jiji, allongé dans l’herbe au milieu des poules. C’était une fin de journée un peu comme toutes les autres dans la Comté, calme et paisible. La ferme du Père Doucefeuille était un endroit particulièrement agréable avec ses multiples chênes presque millénaires qui surplombaient des jolies haies et des bosquets touffus auprès desquels Jiji aimait se reposer, à l’heure où le ciel se teintait du rouge crépusculaire. Ce petit coin de paradis avait l’autre avantage non négligeable d’être situé dans un joli petit patelin du Quartier Sud, et les hobbits du Quartier Nord les plus courageux, comme Jiji, aimaient y finir leur journée car, même s’ils ne se rendaient qu’à une poignée de furlong, un vent chaud réconfortant sillonnait les collines et il y régnait un petit air de vacances.

Le  coq du Père Doucefeuille appréciait la présence de l’Aventurier, tournant autour de lui ou picorant dans ses poches et semblant apaisé par sa présence. Seulement, quand le soleil finissait par toucher l’horizon c’est qu’il était l’heure de rentrer pour ne pas être surpris par la nuit. Alors Jiji, comme à son habitude, récupérait une branche robuste tombée au pied des chênes et, s’en faisant un bâton de marche, reprenait la route du Quartier Nord, en sifflant les comptines de son enfance.

En quittant la ferme, qui surplombait le flanc sud de la Vallée aux Vignes telle une tour dans anciens Hommes, Jiji s’enfonçait dans une étroite et fraiche combe abritée par de hauts châtaigniers qui étalaient leurs ombres sur la vieille route du Nord. Après quelques minutes de marche, les arbres se faisaient de plus en plus clairsemés les bosquets de plus en plus petits et les reliefs s’adoucissaient jusqu’à ce les bois laissent définitivement place aux vastes champs d’herbe à pipes, très odorants, qui avaient fait depuis longtemps déjà la réputation du Quartier Sud. Le soleil, qui lançait ses derniers traits de lumières rosée sur les plaines, animait un peu plus encore l’ultime ballet des charrettes ramenant les récoltes de la journée à Longoulet, le chef-lieu du Sud s’il en est. Jiji traversait les champs et les hameaux en scrutant les paysages du pays qu’il aimait tant, encore quelques milles et il atteindrait Roccreux, le Quartier Nord puis l’Eau et d’ici une bonne heure il serait enfin chez lui.

Ce soir-là, cependant, et contre toute attente, sa marche fût interrompue par une étrange rencontre. Aux abords d’un carrefour du Quartier Sud, une grande silhouette vint l’alpaguer, vêtu d’un grand manteau, de bottes jaunâtres et boueuses et coiffé d’un large chapeau. Aux dires de Jiji, ce semblait être un homme, au demeurant très souriant, qui lui déblatéra de bien drôles de choses.

« Bonsoir petit bonhomme, sauriez-vous m’indiquer la route du Sud ? Je voudrais m’y rendre pour admirer les reflets miroitants à la surface du Brandevin, on dit que le fleuve n’a jamais été aussi beau que depuis les rives du Sud lorsque le soleil se couche, et qu’entre les roseaux on peut entendre une mélodie magique jouée par le Vent lui-même !
- Et bien… si vous le dites, le Sud est juste derrière moi, suivez cette route et vous arriverez sans vous perdre. Cela étant dit, vous feriez mieux d’être accompagné de quelques amis, la nuit les routes sont de moins en moins sûr…
- Ah mais je ne suis point seul brave garçon, j’ai pleins d’amis qui m’accompagnent !
- Je ne les vois pas…
répondit Jiji en scrutant tout autour de lui.
- Mais je ne vois pas les vôtres non plus ! En avez-vous seulement ?
- Bien sûr que j’en ai, plein même, des dizaines !
- Des dizaines ! Des centaines ! Des milliers d’amis avez-vous peut-être, mais ils sont bien au chaud dans leur douillettes maisons tandis que vous marchez seule vers le Nord.
Lui rétorqua l’inconnu, sur un ton malicieux.
- Vous semblez prompt à dire sur moi bien des choses, mais vous ne me connaissez point.
- Ça oui je dis des choses, c’est ma première et peut-être principale qualité, drôle de petit homme. Me vient d’ailleurs à l’esprit une chose à dire qui vous concerne de près, ou de loin, c’est à voir…
- Je vous serez grès d’en dire plus !
- Et bien je dis ceci : très bientôt… ou plus tard, ça aussi c’est à voir, vous distinguerez clairement une amitié qui, jusque-là, vous était cachée.
- Tiens donc ? et avec qui, une hobbite ?
- Laissez-moi voir…
- Voir quoi ?!
- Un dragon.
- Un DRAGON ?!!
s’exclama Jiji.
- Selon toute vraisemblance…
- Mais enfin, comment donc ?!...
- Cela je ne le sais pas... Mais les astres filent et les ombres passent, je reprends la route ou je ne verrais point les miroirs de l’eau ! Bonne soirée jeune aventurier et hauts les cœurs !
- …Bonne soirée.
» Répondit Jiji un peu sonné, en regardant s’éloigner l’étrange inconnu.

Déboussolé par cette hasardeuse mais néanmoins inoubliable conversation, notre brave hobbit se décida à finir la soirée dans un endroit plus vivant que son smial de Scary. Du reste, l’inconnu l’avait suffisamment retardé pour qu’il se retrouve alors surpris par la nuit tombante. Il ne connaissait pas très bien le Quartier Sud, mais ses sens en éveil repérèrent rapidement la lueur embaumée, l’odeur houblonnée et la sonorité grivoise d’une taverne. En quelques enjambées athlétiques, il déboula sur le perron éclairé de cette dernière et en poussa la grande porte ronde.

L’ambiance était festive et il y respirait une réconfortante candeur. Entre les cris et les rires des joyeuses tablées s’élevait une égayante musique jouée par trois hobbits sur une petite scène. Sérieux sur leur tabouret, ils semblaient se concentrer sur la justesse de leurs jolies notes. L’un, grand, costaux et coiffé d’une épaisse tignasse rousse que même les nains lui envieraient, jouait d’une merveilleuse flûte en bois sculpté tandis que les deux autres, d’un air plus banals, l’accompagnaient au luth. Ils jouaient des airs tous différents  mais aux oreilles inattentives de Jiji, il lui semblait que toutes les chansons abordaient le même sujet.

« La Belle a perdu sa chainette.
Dans les eaux du lac Alouette
Draguons le lac, pour trouver la chainette
Draguons le lac, sauvons nos amourettes


Le Maire a perdu ses lunettes
Dans les eaux du lac Alouette
Draguons le lac, pour trouver les lunettes
Draguons le lac, pour aider ses mirettes


Grand-mère a perdu ses recettes
Dans les eaux du lac Alouette
Draguons le lac, pour trouver les recettes
Draguons le lac, pour tailler bonne bavette
»

Plus proche de lui, accoudés au bar devant leur chopine, trois hobbits légèrement ivres entretenaient un étrange conciliabule.

« Mais Lofi, cette mixture malodorante à base de queue de lézard et d’œil de vers n’a pas du tout eu l’effet escompté !
- Tu es sûr Gond ? La vieille Jerbelyne m’avait pourtant assuré de son effet immédiat…
- Tu t’es encore fais avoir comme un gob’ mon bon vieux Lofi, à croire que tu le fais exprès.
- Oh commence pas Tob ! J’aimerais plutôt savoir quels ont été les effets secondaires dont parle Gond.
- Bah écoutez, hormis les yeux secs, la langue bleuie et une croissance anormale des ongles de pied, j’ai eu quelques fuites accidentelles et… involontaires…
- Des fuites ?
- Oui des fuites nocturnes…
- Tu veux dire que tu t’es noyé dans tes draps, Gond ?!
»

Jiji n’eut pas le fin mot de l’histoire car le tavernier vint interrompre ses observations curieuses en l’invitant à commander. Il portait un superbe tablier de cuisine dont les coutures imitaient les écailles d’un reptile et en son centre un petit blason représentait une épée suspendue à une main.

« Bienvenu à la Dragonne à l’Epée cher monsieur ! Ici on sert de tout et dans toutes les quanti… Oh mais attendez, j’vous r’connais ! Vous ! Mais oui !... Vous êtes l’Aventurier c’est ça ? Le fauteur de troubles du Quartier Nord ? Jiji ne put s’empêcher d’acquiescer devant la bonne humeur et le ton jovial du hobbit, même s'il aurait préféré que personne ici ne le reconnaisse. On dit par ici que vous avez mis, par mégarde, le feu à la belle robe de la Dame Lobelia et que, pour la sauver de l’immolation, vous l’avez jeté dans le Brandevin ! »

Certains regards curieux se posèrent alors sur l’Aventurier qui sans plus attendre manda l’aubergiste de lui servir une mousse et de se taire dans les plus bref délais sans quoi sa gargote serait le théâtre vivant de sa prochaine aventure.

Malheureusement les espoirs de Jiji d’être incognito furent de courte durée et  il ne savoura pas longtemps le gout ambré de sa bière. Une vieille connaissance à lui pénétra dans la taverne, accompagnée de sa bande. Il s’agissait de Drégon Grisecolline, un exécrable hobbit du Pays de Bree qui commerçait avec ceux du Quartier Sud et leurs herbes à pipe, très prisées dans la capitale et ces environs. Drégon était considéré comme très petit par les petites gens de la Comté, les gobelins avaient tenté de traiter avec lui tant sa laideur les avait laissé croire à un possible lien de parenté et sa voix était si stridente et dissonante qu’on prétend que le chant des oiseaux s’interrompait net lorsqu’il ouvrait la bouche ; en bref Jiji détestait Drégon et c’était réciproque.

Tout comme les oiseaux, les joyeux lurons de l’auberge se turent religieusement lorsque Drégon, du haut de ses trois misérables pieds, s’adressa à l’Aventurier.

« Tiens donc ! Mais que vois-je ? S’agirait-il de ce grotesque folâtre, que dis-je, de ce grand-dadet-aux-idées-courtes ?! Asséna Drégon alors que des rires loufoques s'élevaient de sa petite bande.
- C’est bien moi oui, et j’espère que le court-dadet-sans-idées ne m’en voudra pas si je ne le salut point. J’ai une bière devant moi qui fait montre d’un plus grand intérêt.
- Non mais écoutez-le, il se mettrait à converser avec sa chope qu’on ne serait pas étonné. Le pauvre sombrant chaque jour un peu plus dans la folie, rien d’étonnant à ce qu’il parle aux objets, entretienne des discours philosophique avec sa chaise de bureau ou discute d’enjeux commerciaux avec un par terre de trèfles ! Ahahah !
»

Jiji faisait mine de ne pas écouter, vidant sa chope religieusement. Le reste de l’assemblée, quant à elle, suivait la conversation avec grande attention tant les caractères des deux protagonistes étaient bien trempés.

« Tu ferais mieux de rentrer chez toi, dans le triste bourg de Scary qui t’a vu naître, là-bas peut être auras-tu quelques idiots d’amis, mais ici et dans le reste de la Comté, tu es seul et sans personne.
- J’ai autant d’amis que je le veux, Drégon de la Colline Triste, qui donc es-tu pour en juger mieux que moi ?
Répondit Jiji, visiblement irrité
- Un simple observateur, piètre Aventurier, un simple observateur. Je ne t’ai jamais vu accompagné, ici ou ailleurs. Les gens te fuient, toi et ta folie, et je le dis haut et fort, même un gobelin ne vaudrait pas de toi comme ami ! »

Aux dernières paroles de Drégon, Jiji se leva brusquement et siffla cul-sec le reste de sa bière. Ces mots avaient éveillé en lui colère et détermination et sa prochaine aventure se dessinait alors clairement dans son esprit. Il saisit Drégon par le col avant même que sa bande n’ait eu le temps de réagir et les paroles fusèrent :

« Je relève le défi, petit hobbit malsain, je montrerais à tous que rien ne m’arrête, que l’amitié, ça me connait et que même un gobelin saurait être mon ami le meilleur ! Vous verrez alors, toi et ton horrible coterie, qu’à défi relevé, Jiji jamais n’est défait !
- Ahum hum… Bah, nous verrons cela…
Répondit Drégon, apeuré, avant de reprendre confiance en galvanisant sa bande. Allez, venez les gars, laissons ce cinglé à ses divagations, mangeons ripailles, buvons boissons et draguons la poulette ! Héhéhé !»

Ce qui se passa par la suite, seuls mes ancêtres le surent car Jiji n’en parla à personne d’autres qu’à sa famille. Le lendemain il se rendit tout au Nord de la Comté, bien au-delà des Champs Verts, jusqu’à l’entrée d’un inquiétant camp fortifié de gobelins dont le sombre nom a échappé aux mémoires et aux retranscriptions. On prétend que ,sans craintes aucune et armé d’une confiance démesurée, il pénétra dans le territoire des serviteurs de l’ennemis et ne s’arrêta que lorsque devant lui se dressa une grande idole de bois et de ferraille, à la face hideuse et tout entourée de flammes froides et éblouissantes. Redoublant d’effort, il poussa un cri d’appel et s’en suivi plusieurs réponses aigües et hargneuses. Jiji, dans sa folie sans bornes, avait attiré l'attention d'une garnison complète de gobelins. Dès lors, une demi-douzaine de crasseux enragés et équipés de lances ou de rapières rudimentaires accoururent des quatre coins du camp et se massèrent autour de lui en proférant toutes sortes d'insultes incompréhensibles pour un hobbit.

La situation était catastrophique et semblait sans espoir... Jiji sortit alors de sa poche un magnifique muffin aux framboises et le tendit vers les gobelins qui se faisaient de plus en plus menaçant. L’un d’eux, plus grand et plus effrayant que les autres, s’avança et lui arracha le muffin des mains. L’Aventurier s’adressa à l’assemblée avec une aisance déconcertante.

«Chers membres émérites de la gente Gobeline, votre présence m’honore et j’espère que ce délicieux présent saura ravir vos papilles. Trop longtemps vous avez été recalé au rang de sous race de la Terre du Milieu, et vos coutumes ont été trop souvent critiqué et incomprises. Prenez cette offre comme un gage de ma bonne foi et de mon souhait ardent de tisser avec vous des liens d’amitié nouveaux et exemplaires pour tous les Peuples Libres. »

L'auditoire, étonnement dubitatifs, ne dit mot, ce qui rendit le hobbit un peu nerveux, le poussant à insister : « Voulez-vous être mes amis ?! »

Les vils gobelins, qui n'avaient évidement rien compris, ignorèrent la demande incongrue et levèrent leurs armes décidant en toute logique qu'il fallait mettre le hobbit en charpie. Ils fondirent en un instant sur Jiji avec toute la haine qui les animaient mais a ce moment-là et contre toute déduction cohérente, ce ne fut ni le râle d’agonie d’un hobbit, ni les hurlements violents des gobelins qu'on entendit, mais bel et bien le cri puissant d’un coq. Un coq endiablé, devrait-on dire, qui s’abattit sur la face du grand gobelin lui crevant les deux yeux à grand renfort de coups de bec. Et il ne s’arrêta pas là, bondissant de crasseux en crasseux, c’est toute la garnison de gobelin qu’il mit en déroute dans un panache de plumes, picorant leur peau épaisse comme s'ils étaient de vulgaires grains de maïs.

Recroquevillé sur lui-même, les yeux écarquillés, Jiji observait la scène, abasourdit, tandis que les gobelins fuyaient aux quatre coins du camp. Comment un simple coq, même enragé pour on ne sait quel sortilège saugrenu, pouvait-il anéantir à lui seul une demi-douzaine de gobelins armés jusqu’aux dents ? « Ce coq me surpasse en tout point »  se dit Jiji, admiratif d’un tel exploit.

Le coq revint vers lui, victorieux, le muffin aux framboises dans le bec, pour se frotter à ses pieds velus et Jiji fut frappé d'étonnement lorsqu'il reconnut, sans hésitations aucune, le coq du fermier Doucefeuille, celui-là même qui lui tenait compagnie à chacune de ses visites à la ferme.

« Après tant d’évènements, de dangers bravés et de surprenantes rencontres, même les Aventuriers les mieux exercés peuvent être surpris par la plus familière des choses... » se disait Jiji alors qu’il quittait le camp dépeuplé des gobelins et reprenait la route du Quartier Sud, accompagné de son vaillant coq. Quelle drôle d’ironie, pensait-il, pourquoi avoir tant risqué sa vie pour trouver le plus improbable des amis quand en définitive on s’aperçoit que les amitiés les plus solides sont souvent les plus simples. A quoi bon faire ses preuves à un triste hobbit entouré de suivants qui le craignent plus qu’ils ne l’apprécient, si l’on a rien à prouver à soi-même. "Tu m'a ouvert les yeux brave bête" dit l'Aventurier, s'adressant à son sauveur. « Et maintenant je vais te ramener chez toi et finir la journée dans ta ferme, si tu le veux bien, la journée a été forte en émotions »

Après quelques heures de marche et un bon nombre de furlongs, ils remontaient tout deux la vieille route pavée qui menait à la ferme Doucefeuille. Jiji repensait à ses deux derniers jours, « L'étrange bonhomme d'hier soir devait avoir un peu trop bu pour réussir à m’imaginer sympathisant avec un soit disant Dragon ! Quelle idée bizarre ! Ahah ! » S’exclama-t-il bien haut. « Il n'y a pas plus de dragon ici qu'il n'y a de nains dans une baignoire ! » Tandis qu'il s'évertuait à trouver d'autres métaphores incongrues liant des nains et des baignoires, ses pensées le menèrent jusque devant les portes du domaine Doucefeuille. Le fermier, qui n’était pas loin, accourra pour remercier Jiji.

« Ah ! Merci d’avoir ramené ce satané coq mon brave ! Vous êtes bien aimable, il s’est enfui hier soir et je me suis fait du mouron toute la nuit ! Vraiment merci !
- Oh mais de rien, il m’a été d’une grande assistance. D’ailleurs, ce brave animal a-t-il un nom ?
- Pour sûr qu’il a un nom, il s’appelle Dragon mon bon m'sieur !
»

Dernière modification par Catrus (31-07-2012 16:27:19)


bannière
Pleurer la fin de l'herbe ne remplira pas la pipe ...

Hors ligne

#21 07-06-2012 16:34:54

Tomislav
Echevin

Re : Les Aventures de Jiji

Ha ha! Un sacré dragon ça!

Et je m'insurge, bien sur que les nains se servent de baignoires !!
Bon en l'ocurence la mienne en ce moment est remplie de chou-blanc à mariner mais c'est pas une raison!

Hors ligne

#22 14-06-2012 14:58:12

Catrus
Petit Échevin conteur

Re : Les Aventures de Jiji

Chers lecteurs, amoureux des grandes histoires de petites gens ou simple curieux, fidèles aux épopées de la Comté, oyez attentivement l’ultime rocambole du plus intrépide des fanfaron, laissez vous narrer la dernière aventure de Jiji connue et chantée, encore aujourd’hui, dans le vert pays.

[large]Première partie des Mésaventures de Jiji et la poussière de magicien[/large]

Cette histoire commence lors d’une grise journée de fin d’été, semblable à toutes les autres journées de fin d’été dans la Comté, lorsque les arbres peinent à retenir leurs feuilles fébriles et qu’un désagréable vent frais remonte les collines et file, cinglant, à travers les combes. Ce jour là, Jiji creusait imperturbablement de profonds trous dans la terre, au pied de la haute butte de Château-Brande, dans le Pays de Bouc. Ce n’étais certes pas de gaieté de coeur qu’il faisait cela, mais il répondait aux demandes incessantes du Maître du Pays de Bouc de l’époque, Sir Gormadoc Brandebouc, dit le “Fouille-profond”, auprès duquel il avait offert ses services, pour tout l’été, en échanges d’une grasse rémunération. Du haut de ses 58 années, Jiji n’avais définitivement pas la carrure d’un sous-fifre et même si tout l’argent récoltée était destinée à l’achat et la livraison d’un tonneau de cognac 20 ans d’âge du Palais de Thorin, il rouspétait sans cesse contre son employeur et contre le monde entier.

Les trous qu’il creusait dans l’herbe humide n’était que la première étape de l’installation d’une toute nouvelle clôture en pin blanc, dernière lubie en date du Maître Brandebouc pour protéger la fraîcheur de sa verte pelouse et l’éclat de ses parterres de fleurs. Il faut dire que derrière les hautes haies qui bordaient le Brandevin, les premiers pavés de la Grande Route de l’Est et la Vieille Forêt, s’érigait une vaste et superbe butte fleurie cernée d’un joli petit domaine entretenue par les fiers jardiniers Brandebouc depuis l’arrivée en ces lieux de Gorhendad Vieilbouc de la Maresque, ancêtre direct de l’actuel Gormadoc Brandebouc. Ce dernier arriva tout juste à temps lorsque Jiji eut terminé de cercler Château-Brande de large trous pour faire une première inspection des travaux finis.

“C’est du bon travail l’Aventurier, finalement vous n’êtes pas bon qu’à faire des âneries... Voyez vous même, dit-il en pointant du doigt le dernier trous creusé, comme le disait mon défunt père, une bêche et une terre généreuse suffisent à racheter le plus idiot des hobbits”.
Jiji rit jaune et se força à quelque courbettes de politesse, Merci Sir Gormadoc, vous me comblez par de si honorables tâches...
- Gardez vos inclinaisons pour plus tard mon brave, vôtre tâche est loin d’être finie, il vous faut désormais monter la clôture. Tenez, voici la clef de la cave, vous y trouverais toutes les pièces détachées et un maillet. Vous avez toute l’après-midi alors appliquez-vous ! Votre prédécesseur avait jugé qu’une clôture carrée mettrait en valeur la circularité légendaire du Chateau... sachez qu’il a eu tord et qu’il le regrette encore aujourd’hui.”

Aussitôt dit, aussitôt fait, Jiji traînait déjà les pieds en direction de la cave, dont la petite porte inhabituellement rectangulaire, était étouffée, dans un petit renfoncement de la butte, entre deux épaisses glycines. Lorsque l’Aventurier pénétra à l’intérieur, il découvrit un immense réseau de salles sombres et poussiéreuses. On pouvait se frayer un chemin dans certaines d’entre-elles, au milieu des hauts entassements de babioles et de coffres, mais d’autres étaient depuis longtemps impénétrables tant elles étaient encombrées. Jiji, dont la curiosité venait d’être éveillée, avait déjà oublié les planches et piquets de clôtures qui gisaient près de l’entrée, et son attention se portait vers les recoins les plus sombres et les plus reculés de la cave où même les toiles d’araignée semblaient avoir été tissées pour cacher, à la vue des visiteurs indésirables, de vieux secrets depuis longtemps oubliés.

En soulevant quelques vieux draps gris dans des nuages de poussières, il découvrit un étrange objet. Une petite boîte en bois noir, inscrite d’un dialecte inconnu et scellé d’un simple petit fermoir en argent ternie. Pas de serrure, pas de cadenas, mais juste une note attachée à la boîte et qui disait en lettres maladroites : “Restes de la poussière du magicien, NE PAS TOUCHER”... Il n’en fallu guère plus à Jiji pour s’emparer de la boîte et revenir prestement à l’entrée de la cave pour l’ouvrir sous la lumière du dehors. Quelle ne fut pas sa déception quand, à l’ouverture, il ne discerna la dedans qu’un petit amas de poussière grise, semblable à de la cendre, à peine le contenu d’un reste de pipe après la dernière bouffée. Dans un dernier élan de curiosité et d’espoir mêlés, il approcha la boîte de son nez et en renifla son contenu. La poussière, très volatile, s’infiltra dans les narines du hobbit et en un éclair il éternua violemment, faisant s’envoler tout le contenu de la boîte. D’étranges petits nuages de poussières concentrés et voluptueux, tels les essaims de moucherons de la Grenouillèrent, s'échappèrent alors dans la cave et par la sortie, sous les regards agacé de Jiji.

Le nuage de poussière grise qui s’était envolé hors de la cave virevoltait rapidement dans les airs, transporté par le vent estival, si bien qu’il survola les flancs verdoyants de Château-Brande, les champs et les hautes haies qui bordaient le domaine et finit par se déposer sur les chères citrouilles de Sir Brandebouc, qui poussaient paisiblement dans un petit potager à l’écart du domaine.. Le vieux fermier qui protégait les beaux légumes de son maître, en fumant quelques feuilles, vit soudainement l’un d’eux grossir à vue d’oeil, tant et si bien qu’il atteignit, en l’espèce de quelques secondes, plus de trois fois la taille d’un hobbit. Abasourdit devant un tel phénomène, il calcina le reste de sa pipe en une brève aspiration, avant d’aller sonner la cloche pour donner l’alerte, et tout le Pays de Bouc accourut pour admirer, avec stupeur, la citrouille géante.

Jiji, qui vint lui aussi voir se qui se passait, ne fit pas tout de suite le rapprochement entre cette citrouille gigantesque et la poussière qu’il avait maladroitement éparpillé. Quant au reste des hobbits présents, ils décrétèrent tous que ce légume était un don du ciel et qu’il devait être loué et connu dans toute la Comté. Ainsi, Gormadoc Brandebouc ordonna à ses ouvriers agricoles de déterrer avec le plus grand soin la précieuse citrouille et de la hisser sur la charrette la plus solide du pays, suite à quoi on y attellerait deux boeufs bien robustes afin d’aller la replanter tout en haut de Château-Brande, au sommet duquel elle montrerait, à tout les voyageurs, le fleuron agricole du Pays de Bouc.

Tandis que les ouvriers entamaient leur travail minutieux, Jiji s’en retourna prestement vers la cave du château pour reprendre l’installation de la clôture. Il fut alors surpris de voir Sir Gormadoc et l’un de ses suivants qui discutaient gravement devant l’entrée.

“Regardez maître ! Elles font plus de trois fois la taille escomptée !
- Je vois bien, je vois bien... il n’est d’ailleurs plus possible d’entrer tant elles embarrassent le pas de la porte... Qui donc les as ainsi déposé ?
- Permettez moi, maître, de poser la vraie question... comment ont elles pu rentrer la dedans ? Vu leur taille démesurée c’est impensable ! C’est bien la première fois que le charpentier de Champ-du-Pont fait une telle erreur de mesure... Je lui avais dis “une clôture de hobbit Nad, pas plus haut que tu ne puisse les raboter sans lever le bras !”... à croire qu’il les a raboter sur son escabeau !
- Pas de panique l’ami ! Leur taille me conviens parfaitement ! Elle donneront ainsi un véritable sens à la grandeur de Château-Brande et imposeront le respect à ceux qui les verront. Et puis elles ne seront pas sans rappeler notre futur emblème du potager qui attends d’être hisser dans les hautes sphères...
-Fort bien maître, on se débrouillera pour les sortir de là et la construction de la clôture pourra continuer...
”

Ainsi Jiji fut mandé de sortir toutes les planches et les piquets de clôture géants de la cave, un long travail qui occupa tout le reste de sa journée, durant laquelle l’idée que ces étranges anomalies de taille avaient sûrement un rapport avec la poussière qu’il avait trouvé, faisait lentement son chemin dans son esprit... Le lendemain apporterait-il son lot de réponses ou son lot de nouvelles anomalies ?

La suite au prochain parchemin...

Dernière modification par Catrus (31-07-2012 16:30:10)


bannière
Pleurer la fin de l'herbe ne remplira pas la pipe ...

Hors ligne

#23 18-06-2012 17:15:39

Catrus
Petit Échevin conteur

Re : Les Aventures de Jiji

[large]Deuxième partie des Mésaventures de Jiji et la poussière du magicien, récit des bonnes fortunes et des tristes périls du Pays de Bouc.[/large]


Le Pays de Bouc était en grande effervescence ce matin là, tandis que Jiji arrivait à ses portes grandes ouvertes et encombrées de monde. Une foule de hobbits venus des quatre coins de la Comté avaient fait le déplacement de bonne heure pour voir l’objet de toutes les discussions d’auberges de la vieille au soir. En effet, en l’espace d’une après-midi, l’histoire de la citrouille géante avait fait le tour de la région et de village en village on en parlait tantôt avec crainte, tantôt avec force fierté, comme si ce fut, depuis toujours, le fruit du labeur de chaque kuduk qui peuple la Comté. S’appropriant ainsi la secrète et hasardeuse bêtise de l’Aventurier, tout le pays avait pris son congé pour venir s’amasser dans le domaine des Brandeboucs. Alors que la plupart observaient avec admiration la lente ascension de la citrouille, si lourde et si volumineuse que l’après midi de la vieille n’avais pas permis de l’amener plus loin qu’au pied du Château, certains se faufilaient, d’une relative discrétion, dans les champs du domaine pour subtiliser quelques échantillons de courgettes et de patates dans l’intime espoir qu’ils donneraient, plus tard, une belle descendance surdimensionnées. D’autres encore débattaient fermement en petits conciliabules savants, devant les porcs qu’ils avaient alignés pour l’occasion, et ce afin de savoir si oui ou non ils avaient eux aussi subi des modifications de taille... Et comme chaque attroupement chez les hobbits est une occasion de rire et faire la fête, on avait apporté luths, percussions, bombardes et cornemuses et une petite scène et son chapiteau avaient été érigé près des tonneaux de bière, faisant finalement de cette journée plus une foire champêtre qu’un colloque agricole. Au milieu de toute cette agitation, le Maître Gormadoc courrait, de ci de là, soit pour rouspéter sur quelques hobbits mal élevés soit pour promouvoir fièrement, avec un grand sens marchant, les produits fermiers et les somptueux parterres de fleurs de sa propriété.

Jiji, quant à lui, s’était glisser jusqu’à l’entrée de la cave du château devant laquelle les planches de clôtures géantes avaient été entassés la vieille au soir, après une dure après midi d’exercices athlétiques pour les sortir par la petite porte rectangulaire. Le soleil étant encore loin de son zénith et la matinée encore fraîche, Jiji se hâta de commencer à planter les énormes piquets dans les trous qu’il avait préalablement creusés. Il travailla d’arrache-pied pour finir son ouvrage à temps, faisant malgré tout quelques pauses de temps à autres, s’allongeant dans l’herbe en chantonnant ou en rédigeant quelques notes dans son petit journal, sur la douceur de l’herbe, le bleu du ciel ou la poussière du magicien.

Lorsque le clocher de Château-Brande sonna les douze coups de midi, on stoppa momentanément l’avancée périlleuse de la charrette supportant la citrouille géante, sur la route étroite qui serpentait autour de la butte. On plaça d’épaisses cales derrière les roues de l’engin et on apporta du foin et de l’eau pour les bête qui le tiraient, puis tous allèrent savourer un copieux déjeuner, toujours dans une ambiance festive. Jiji alla s’installer sur les petites marches usées qui descendaient dans le renfoncement de la cave et cerné par les deux glycines, il entama paisiblement son repas, baigné par les agréables senteurs de fleurs.

Malheureusement, sa quiétude fut de courte durée alors qu’un étrange bruit se fit entendre derrière lui, dans les ténèbres de la cave. Se retournant vivement, Jiji scruta l’entrée et tendit l’oreille. Un cris aigu et bruyant et plusieurs bruissements se firent de nouveaux entendre dans le noir et, tandis que que ses pas l’avaient inconsciemment menés sur la pas de la porte, une énorme forme surgit de la pénombre et bouscula le hobbit, qui tomba à la renverse. Il se releva prestement, la curiosité prenant le dessus sur le peur, et gravit en toute hâte les escaliers, juste à temps pour voir s’échapper à quelques pas de là, une souris colossal, aussi haute et épaisse qu’un chien de garde. La bête énorme et effrayée s’éloigna rapidement et fini par disparaître sous la large haie qui bordait la Vieille Forêt. Jiji, dont l’effroi se mêlait à la surprise, resta un long instant, hébété devant l’entrée de la cave, avant de vite reprendre ses esprits. De toute évidence, l’étrange poudre de magicien avait fait plus de ravages qu’il n’y paraissait depuis lors et il implora à haute voix qu’aucun autre objet ou animal du Pays de Bouc ne fut lui aussi agrandi.

Un peu plus tard dans la journée, le lente avancée de la citrouille avait atteint les plus hauts lacets de Château-Brande et ils étaient si pentu et si à flanc de colline, qu’on ordonna, à la déception générale, une nouvelle halte pour vérifier l’état de la charrette et du sanglage, ainsi que pour abreuver une fois de plus les boeufs éreintés. A cette heure ci, Jiji avait déjà clôturé plus de la moitié de la butte et, content de son travail de titan, il fit lui aussi une pause bien méritée. S’en retournant d’un pas lent vers la cave, tout esquinté qu’il était, il chancela une fois de plus sous la surprise quand une autre souris exorbitante y décampait rapidement. Le Maître Gormadoc ne devait surtout pas avoir vent de cette effroyable souricière, ni aucune autre hobbit d’ailleurs, sans quoi le nouvelle se rependrait dans le pays et au delà en moins temps qu’il n’aurait fallut pour le dire. Aux grandes souris les grands moyens, se dit Jiji, et il amassa sur le pas de la porte de la cave de la paille et du petit bois jusqu’à en obstruer totalement l’entrée, puis s’en revint avec une torche et y mit le feu, bien déterminé à enfumer les rongeurs pour les faire sortir, ou, au pire, les asphyxier directement à l’intérieur.

Heureusement pour l’Aventurier, la citrouille, qui avait reprit son ascension, gravissait alors les derniers mètres abrupts du flanc diamétralement opposé à l’entrée de la cave, et comme tous les hobbits présents pour l’occasion s’étaient massés pour voir l’exploit des Brandeboucs, personne ne put voir l’enfumage de la souricière.

Après une demi heure passé à souffler sur le feu, les braises finissaient enfin par se consumer entièrement et Jiji leva la tête pour respirer un peu d’air pur. Il vit alors gambader, sur la flanc qui le surplombait, une autres de ses maudites souris géantes. Elle était sortie par un conduis de cheminée, plus haut sur la colline, et fouinait paisiblement dans les balconnières. Jiji pesta et grogna contre le sort qui s’acharnait sur le lui une fois encore. La cave devait sûrement avoir quelques connexions avec les habitations du Château et les souris, alertées par la fumée, devaient, à coup sûr, s’y être faufilées. Bien décider à en finir avec cette fouineuse qui massacraient les jolies floraisons de Maître Gormadoc, Jiji s’élança promptement sur la pente herbeuse de Château-Brande et fondit, tel un aigle affamé, sur le rongeur indésirable.

S’en suivi alors une insolite course poursuite entre le hobbit et la souris. L’animal effrayé, tentait en vain de se replier vers le bas de colline mais c’était sans compter Jiji qui lui barrait la route en hurlant, espérant l’acculer au sommet. Dès lors, tous les espoirs de discrétion de l’Aventurier s’évaporèrent de son esprit tandis qu’il galopait à grandes enjambées devant tout le public rassemblé au pied de la butte et ahuri face à cette surprenante vision d’un semi-homme poursuivant une souris géante à travers les jardinières. L’improbable traque se poursuivit ensuite sur les hautes allées pavées du château qui affleuraient le sommet et soudain, alors que de la foule s’élevait une angoisse palpable, elle vint se heurter au convoi de la Citrouille géante. Au milieu des sursauts et des jurons qui s’échappaient en contre bas, s’orchestra un méli-mélo chaotique. La souris se fraya un chemin entre les sabots des boeufs qui piétinaient et beuglaient d’affolement, les ouvriers agricoles je jetèrent hors du chemin comme des naufragés quittant un navire en perdition et Jiji tenta d’esquiver le chaos en filant vivement le long du talus de la route, omnibulé par le rongeur qui lui échappait encore.

A ce moment précis, le temps sembla se suspendre et la foule se pétrifier. Sous le brusque énervement des boeufs, la charrette craqua bruyamment, les sangles qui retenaient immobiles la citrouille géante cédèrent un claquement brutal qui résonna dans le silence insondable... En quelques secondes qui parurent une éternité, la citrouille chancela, se balança d’un bord à l’autre de la charrette puis tomba sur le chemin pavée et se mit à dévaler rapidement la colline.

Jiji qui quitta du regard la cible de sa course, leva les yeux vers l’énorme légume qui roulait alors vers lui à toute allure. Pris de panique, le coeur emballé, il se mit à courir plus vite et qu’il n’eut jamais couru dans toute son existence. Il allait de droite à gauche pensant pouvoir s'extirper de la trajectoire de la citrouille, mais elle était tellement gigantesque qu’il était comme une fourmi croyant échapper au destin cruel de la botte écrasante. Au milieu des hurlements de paniques qui s’élevaient dans tout le domaine, Jiji trébucha, roula sur plusieurs mètres et fini par atterrir au pieds des hauts et froids piquets de clôtures blancs plantés le matin même. Il se releva et jeta un bref regard vers le Brandevin et au delà. La citrouille roula, fit un ultime rebond et vint s’écraser grossièrement sur l’Aventurier.

Ainsi s’en fut Jiji de Scary, dit l’Aventurier et le Coureur de Rivière, le Séducteur de la Comté et le Dresseur de Gobelin, fils de Fagarus Scoplar et Marone Chaumine, descendant atypique et inoubliable de la famille Scoplar, mon ancêtre... dont je suis, et dont je resterai fier.

Cette ultime journée fut à l’image de la vie de Jiji, pleine d’aventures, de folies et de mystères. Peu de hobbits dans la Comté comprirent réellement ce qui se passa ce jour là, mais tous voulurent offrir une sépulture à Jiji, digne de sa vie intrépides et courageuse, seulement la citrouille s’était tellement enfoncée dans le sol qu’on ne parvint jamais à l’en déloger. Elle resta là longtemps et ne fut pas replanter, si bien qu’elle finit par mourir, dépérir puis disparaître à tout jamais de Château-Brande, laissant place à une motte de terreau fertile éventrant la blanche clôture.

A la place d’une tombe, on manda un ménestrel réputé pour composer une ode à la vie de l’Aventurier, une ode simple et guillerette qui rappellera des siècles durant, plus vivement et plus joyeusement qu’une sobre statue, que Jiji était avant tout un hobbit, tout ce qu’il y a de plus hobbit et qu’il aimait plus que tout la Comté, ses pâles matins d’automne et ses crépitantes soirées de printemps, ses fraîches vallées de jades et ses éclatants pâturages fleuris de milles senteurs, ses innombrables repas de fêtes et la suave amertume de l’herbe à pipe. Rien de plus, rien de moins, rappelant à tous que la vie la plus simple offre souvent le bonheur le plus absolu, et qu’en chacun de nous, il peut aisément y avoir du Jiji...

Il était fort, il était beau
Bien que peut être un peu gros
Il était preux et plein d’entrain
Même si pas très malin

De La Colline à Courtecave
Des Trous des Grisards à Grand’Cave
Partout on le connait, Jiji l’Aventurier
Celui qui embrassa la laide Lobélia


Il a tout vu, tous les patelins
Et chez les elfes, et chez les nains
Des fantômes, des maisons hantées
Et les trésors du vieux Sacquet

On le dit complètement cinglé
Et même quelque peu désaxé
Partout on le connait, Jiji l’Aventurier
Celui qui s'enfonça dans les eaux du Brandevin


Où qu’vous alliez dans la Comté
Et même au d’là si vous voulez
Vous entendrez toujours parler
Du plus grand des aventurier

Un pti bonhomme très autonome
Un gentilhomme très gastronome
Partout on le connaît, Jiji l’Aventurier
Celui qui, sans vergogne, osait défier les Hommes


Il a chanté, il a dansé
Et bien souvent étant bourré
A des banquets et des festins
Et même parfois chez les gobelins

Tout l’monde l’adore ou le déteste
Mais lui, il n’est jamais en reste
Partout on le connaît, Jiji l’Aventurier
Celui qui mit le feu à toute la Comté


De la Colline à Courtecave
Des Trous-des-Grisards à Grandcave
Il est connu des villegeois
Pour tout ses incroyables exploits

Sous une citrouille il a péri
Et on dit que c’était écrit
C’était sa destinée, c’est notre volonté
D’être un brin plus cinglé que feu l’Aventurier.

Dernière modification par Catrus (05-07-2012 20:35:14)


bannière
Pleurer la fin de l'herbe ne remplira pas la pipe ...

Hors ligne

#24 19-06-2012 11:28:57

Catrus
Petit Échevin conteur

Re : Les Aventures de Jiji

Et voila ainsi se termine ce recueil des aventures de Jiji. J'espère qu'il vous a plu, vous a fait rêver !

Récemment, un de mes fidèles lecteurs m'a demandé si Jiji n'avais pas fais bien plus de bêtises et de rocamboles qu'il n'en est cité dans ce recueil. Evidemment si, seulement ces autres histoires sont souvent trop flous ou diffèrent trop d'un village à l'autre, d'une famille à l'autre. Comme vous avez peut être pu le remarquer, nombres des récits qui circulent dans la Comté souffrent d'altération profondes des faits sous l'action du temps et des transmission orales. J'ai donc pris la décision arbitraire de compiler ici une sélection d'histoires de mon choix qui ont le mérite soit d'être fidèlement transmises dans ma famille depuis des générations, soit d'avoir été précautionneusement retranscrites à l'écrit. Elles sont donc un gage de fidélité et de vérité. Cependant, rien n'est perdu pour les véritables curieux qui désirent tout savoir de Jiji, je n'aurais qu'un conseil à leur donner, rendez-vous dans la Comté et tendez l'oreille.

Enfin, vous trouverez peut être la fin de cette ultime aventure un peu trop brusque ou soudaine, voire inattendue. Je peux aisément le concevoir et le ressentir moi-même, car c'est ainsi qu'elle m'est apparue la première fois que me la raconta mon père. Cela dit, il m'étais impossible de passer outre tant elle représente à elle seule la dimension tragi-comique de la vie de Jiji, seule et pourtant connu de tous, détesté autant qu'adulé, vaillant et ingénieux autant que bête et imprudent...

D'autres histoires suivrons, soyez-en assuré, pas sur Jiji bien sûr, mais sur d'autres Scoplars, Vertemains ou Scoverts, tels que Pti Pouce, Tomi dit Gros Tom ou encore Bango le Sinmuro... vous ne serez pas en reste !

Merci encore de votre fidélité et de vos compliments.

Dernière modification par Catrus (21-06-2012 11:44:47)


bannière
Pleurer la fin de l'herbe ne remplira pas la pipe ...

Hors ligne

Pied de page des forums