La Confrérie du Dragon Eteint

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#1 23-12-2012 15:21:59

Cyian
Echevin

Récits KHAZADS... à l''attention de vaillants hobbits en devenir.

Maître Kaldi n'était pas mécontent de lui. Il est certes rare qu'il le soit. Mais en cet instant particulier, son orgueil  naturel de nain, attisé par la réalisation d'un projet mené à bien, réchauffait son vieux cœur à la manière d'un bon vin.
Qui l'eût observé en ce même instant aurait convenu sans nulle hésitation que ce nain avait fort belle contenance, pétri qu'il était, d'assurance et de fierté consommées.

D’aucuns diront, perfides, cyniques ou elfiques, que la satisfaction des nains en général – et de Maître Kaldi, en particulier – annonce généralement l'imminence d'un Mal terrible, tapi traîtreusement en quelque imperfection, en quelque imprévoyance que le bon sens aurait originellement évitée. Mais ne dit-on pas que les nains ont trop de qualités dans leur besace pour s'encombrer de « bon sens » ?... Et Maître Kaldi, tout à son ouvrage, doutait au su des dépenses effectuées et du temps consacré à l'affaire, qu'on pût ne serait-ce qu'avancer le début d'une critique, voire même d'une remarque, qui ne fût irrémédiablement motivée par l'envie, par l'ignorance, ou par toute autre déviance d'un esprit mauvais ou mal bâti.

Peut-être y avait-il, en son projet, source à futurs conflits. Peut-être que des larmes inattendues seraient versées sur les vestiges d'un monument voué par son auteur aux gémonies ?
Ce type de déconvenues, les nains en sont coutumiers ; de même ont-ils appris à en imputer la responsabilité à des tiers divers évidemment hostiles. Ces derniers étant légion en ce monde, il serait idiot d'écarter leur salutaire contribution.

Dernière modification par Cyian (23-12-2012 16:00:52)


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#2 23-12-2012 15:32:59

Cyian
Echevin

Re : Récits KHAZADS... à l''attention de vaillants hobbits en devenir.

Dans l'affaire qui nous concerne et sur laquelle nous nous garderons de porter un jugement prématuré, il est fort peu probable que le sort des Terres du Milieu ait à pâtir des desseins de Maître Kaldi. Le cours de ce Troisième Âge n'en sera pas altéré. Et parions, dans notre optimiste lancée, qu'aucun membre de la grande et belle famille des Peuples Libres n'aura jamais à en souffrir, si ce n'est.. éventuellement... une poignée d'enfants hobbits.

Quoi ?!!! s'exclame le lecteur indigné. Des enfants hobbits ? En danger ? Hiiiiiiii !

Je profiterai de cet élan de vive indignation pour rappeler aux damoiselles elfiques un brin émotives qu'une chute en pâmoison digne de ce nom nécessite la présence, à portée de bras, d'un mâle mortel pas trop mal fait, au lignage irréprochable.
Et nous rappellerons aux damoiselles mortelles qui par mimétisme romantique nourriraient le projet de singer leurs consœurs précitées que l'herbe n'est tendre qu'à l'égard des elfes et de leur progéniture. Nos ancêtres à nous autres, Pôvgars-destinés-au-Trépas, n'ont pas dépensé de longs siècles d'ennui à enseigner aux pelouses le subtil Art de Bruire. Dès lors, n'attendez d'elles nul soutien et comptez pour prix d'une chute, même élégante, hématomes et vertes salissures. On en retrouverait l'équilibre...

Mais c'est qu'il nous prendrait pour des cruches ?! s'indigne une lectrice encore vacillante. Bourreau d'enfants ! Maltraiter des petits hobbits alors qu'ils sont si mignons...

Ô amie lectrice, partisane de la cause animale, refrénez votre courroux et permettez moi, je vous prie, d’apporter quelque éclaircissement sur cet épineux sujet.
Avant de saisir censeurs et shérifs, avant d'allumer une guirlande de feux d'alarme, posez vous cette simple et indispensable question :

Que savez vous des enfants hobbits ?

Avoir consulté les planches des bestiaires d'Elrond qui leur sont consacrées ne suffit pas*. Réduire les spécimens en question à de belles images, immobiles et sages dans leurs marges, est une erreur des plus grossières.
De même qu'on ne saurait déduire la taille moyenne d'un nain de la seule mesure des voûtes de Khazad-Dum, on se gardera de broder le moindre étendard aux fils exclusifs d'une jolie tignasse bouclée. Convenons seulement, après consultation des dit-ouvrages, que les enfants hobbits sont terriblement kawaï**. C'est incontestable mais au final, pas plus instructif que l'examen de l'Unique à froid.

Pour se faire une idée plus juste du sujet, il faut prendre son baluchon et quitter le confort lénifiant de la Dernière Maison Simple. Direction : la Comté !




* Planches les plus populaires après celles traitant de chatons et de bébé-poneys.
** Terme emprunté à la Langue Noire, à la mode actuellement à Bree pour signifier "mignon". Le sens originel, usité par les orques, correspondrait davantage à "appétissant".

Dernière modification par Cyian (23-12-2012 15:54:09)


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#3 28-12-2012 16:27:45

Cyian
Echevin

Re : Récits KHAZADS... à l''attention de vaillants hobbits en devenir.

Tout voyageur vous dira que le Petit Pays est une succession vallonnée de bourgs charmants embrassés d'une belle et docile nature. Des champs, des pâturages, des vergers bien tenus. Quelques fermes isolées, mais pas trop, adossées ou creusées dans une terre grasse et conciliante. Partout, de coquets jardins.
Ce même voyageur vous vendra sans peine la belle ambiance des foires locales, le pittoresque des festivités, l'abondance des buffets, la fraîcheur des bières et la saveur des herbes à fumer. Il louera la bonne humeur des indigènes, pour l’essentiel de braves, honnêtes et bonhommes fermiers à qui l'on donnerait l'Anneau sans appréhension.
Mais il passera sous silence, à moins que n'insistiez et qu'il vous tienne en amitié, un aspect méconnu de cet aimable territoire. Ne lui en tenez pas rigueur : il est des expériences qui, tant intimes, ne se livrent qu'à contrecœur.

Car qui pénètre en Comté – qu'il le veuille ou non – pénètre d'un même pas insouciant, dans un étrange Pays, que les cartes complices omettent de mentionner, un Pays de Mystères & de Dangers aux limites vaporeuses et fluctuantes tant au gré des entrelacs du paysage qu'à celui des heures du jour.
Passez les frontières, ouvrez l’œil et dressez l'oreille : devant vous s'étend, invisible, l'insondable Royaume des Duveteux-Petons !

Il faudrait tout à la fois être aveugle et sourd pour douter qu'une même terre ne puisse accueillir en son sein deux royaumes distincts. Si tel n'est pas votre infortune, vous décèlerez bien vite de patents indices qui ne sauraient tromper l'esprit alerte.
Que vous descendiez de jour les gorges du Chas, traversiez par le Nord les Champs Verts ou empruntiez le Pont du Brandevin, cela se manifestera par l'impression croissante et bien vite obsédante d'être épié... continuellement... méthodiquement.
La première ferme pourrait être à cent lieux, séparée de la route par vingts champs et dix bosquets que ce malaise diurne n'en serait pas moins prégnant. Ne vous fiez pas aux bêtes de la forêts qui, coutumières, ne daigneront pas vous alerter. Abandonnez l'idée réconfortante qu'il puisse s'agir d'elfes taquins, dissimulés dans quelques fourrés ; à cette heure, ils cuvent. Continuez seulement votre route, vous serez bientôt fixés.

Déjà pointent les murmures dans les bas-fossés, ils sont là ! Derrière ce tronc, sous ces fougères ? Prenez gare ! Levez la tête, souvent, car ils apprécient aussi la sûreté des branches hautes. Aux murmures succèdent enfin des rires étouffés, des pas précipités, des crunch et des croqu', ils approchent...
Retournez-vous ! Dans votre sillage, deux ou trois petites silhouettes farouches. Comptez en autant sur vos flancs et le double à venir, vous êtes cerné ! Hâtez-vous l'ami, les feux d'une auberge constitueront votre unique salut.

Les Duveteux-Petons vous ont repéré, estimé à la jauge mystérieuse de leur sombre entendement ; ils vous connaissent, ou à défaut, vous devinent. Votre chargement les intrigue qui déjà leur inspire mille spéculations et autant de plans pour y glisser leurs mains habiles. Votre accoutrement les amuse ou les fascine, ce qui brille les attire. Le moindre détail qui leur paraîtra singulier – tâche aisée – attisera leur appétit insatiable de toucher, de manipuler, et de corriger selon leur goûts et leur humeur.
Ami voyageur, à leurs yeux vous n'êtes pas Homme, Magicien, Seigneur Elfe ou Maître Nain, vous n'êtes qu'un énorme Mathom ambulant.

Dernière modification par Cyian (28-12-2012 16:36:25)


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