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[Journal de Mithgaear]
Le message énigmatique laissé par Fæilian à Ærhêniel ne laissa pas les Confrères du Dragon Éteint indifférents. A la bonne heure ! Seul, je ne serai certainement pas parvenu à réunir les maigres indices que nous glanâmes au gré de nos chevauchées.
La confiance que me voue Fæ m'étonnera toujours, de même que son impétuosité et sa consternante incapacité à se consacrer plus d'un petit siècle durant à une seule et même activité. Peut-être était-ce une erreur de quitter le Lindón ?.. La tourmente perpétuelle à l'Est, aussi rebutante soit-elle, semble trouver à ses yeux quelque charme.
Quoiqu'il en soit, Mælianel et ses amis animaux - aigles, rôdeurs, Avandíl et Nakferth – nous furent d'un précieux secours. Eleinur se joignit à nous, je n'en attendais pas moins de lui. Son amitié pour Fæ ne fait aucun doute. En outre, je le soupçonne d'apprécier la compagnie des Edains au point d'en adopter les coutumes les plus extravagantes. Sa fine connaissance de leurs si singulières tournures d'esprit nous sera d'une grande aide.
Le semi-elfe Manfæl nous accompagna également, assurant à notre communauté une protection indéfectible... protection dont hélas, Fæ était dépourvue au jour de son départ précipité. Nous étions inquiets, aussi nous partîmes sur le champs.
Dernière modification par Mithgaear (02-04-2013 09:00:35)
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Notre première étape se situait au Nord du Pays de Bree. Le bon sens aurait voulu que nous nous arrêtions dans cette grosse bourgade où les ragots tiennent lieu de savoirs, mais il semble que le capitaine Nakferth n'y soit pas le bienvenu. Un problème de jeu.
Etrange... A quels jeux peuvent s'adonner les Mortels qui impliqueraient la privation de leur liberté ? Je n'avais ni le temps ni l'envie d'en savoir davantage ; de même je ne relevais pas les inexactitudes langagières de ce sympathique capitaine : à proprement parlé, lebois n'a pas de sang, mais de la sève et les chevaux n'ont pas de bois à la différence des cerfs. Qu'importe... Les Gens du Val ont la réputation d'être, des Edains, les plus pittoresques. Manifestement, cette « réputation » est scrupuleusement respectée.
A grande vitesse, nous gagnions donc la région la plus aimable de ce morne Pays – comprendre : la moins peuplée. Un ami de Mælianel, veilleur de route, nous fournirait peut-être quelque information. Les Dunedains, héritiers des Anciens Seigneurs de l'Ouest, œuvrent à la sécurité des voies de communication. Ils aiment également garder des ruines, souvenirs de leur royaume passé. A leur manière, ils ne connaissent pas les affres du temps et en conséquence pâtissent de mélancolie. Mais, aussi étrange que cela puisse paraître, leur souffrance est un choix et leur immortalité parfaitement illusoire : ils la vivent... par procuration.
Arrivé à destination, je laissais mes amis de voyage discuter avec cet homme dont j'ai oublié le nom. Rustre, peu bavard, il m'est aussitôt apparu antipathique. Pour une raison que j'ignore, ces Rôdeurs – dont Fæ semble s’être entichées – sont d'une gravité exaspérante ; cela me laisserait indifférent s'ils n'assaisonnaient pas cette morosité horripilante d'un mutisme hautain, insolemment déplacé. Nous étions pressés ; l'homme sinistre ne l'était visiblement pas.
Dernière modification par Mithgaear (02-04-2013 09:05:18)
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A noter que la soleil, peu soucieuse de la nature des terres qu'elle darde de ses rayons, nous offrit une aube des plus douces. C'était un enchantement. Mêmes les ruines posées ci et là par quelques anciens seigneurs répondirent voluptueusement aux caresses des rais d'or et d'argent. Leur pierres blanches miroitaient toute auréolée d'une fraîche rosée. Quel grand dommage que le temps nous fût alors compté !.. Le moment venu, j'en ferai le reproche à Fæ.
Pour définitivement gâcher ce bel instant – jugeant peut-être que sa seule présence n'y suffirait pas – le Rôdeur nous invita à interroger les Yrch qui tenaient camp non loin de là. Suggestion des plus absurdes mais qui emporta l'approbation d'Eleinur.
Eleinur aime tuer les orques. Personnellement, il m'est intolérable d'en voir un vivant. Mais de là, à les traquer jusqu'à leurs nids...
Je ne m'étendrais pas sur le « nettoyage » du dit camp. De toute évidence, Fæ était déjà passée ; ses «occupants» étaient, pour la plupart, estropiés et terrifiés. Des cadavres amorphes avaient été disposés près de grands feux, à fins de crémation ou de préparation culinaire... je ne tiens pas à le savoir.
Nous cherchâmes ce qui de près comme de loin pouvait s'apparenter à un chef, et dûmes pour cela nous enfoncer dans une grotte dénuée du moindre intérêt. Mes compagnons, plus instruits que je ne le suis sur la race orque, se réjouirent de découvrir un imposant spécimen, et décrétèrent sans ciller qu'il s'agissait du meneur. J'admire leur érudition ainsi que leur faculté à éprouver un brin d'enthousiasme, à dix pieds sous terre.
Le gros Yrch conforta l'idée que Fæ avait « visité » son camp... et il fut question de « vengeance ». Semble-t-il le capitaine Avandíl comprit quelque chose au discours décousu de cette odieuse créature. Eleinur aussi... lequel excella dans l'art d'entretenir la conversation. Mais déjà, je dois l'avouer, la surface me manquait cruellement, et mon attention diminuait sensiblement ; il me tardait de quitter ce lieu qui de toute évidence n'avait rien à nous apprendre des desseins de Fæ.
Nous reprîmes la route, donc, en direction du Nord. Par la voie des airs, Mælianel apprit que Fæ avait fait halte à Amon Raith, les ruines qui surplombent le Levant des grandes plaines de Fornost. Un Rôdeur – encore un!- serait disposé à nous en dire plus. Je priais secrètement qu'il fut plus loquace et aimable que son comparse et hâtais ma monture.
Dernière modification par Mithgaear (02-04-2013 09:06:50)
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Le chemin que nous empruntions - et que Fæ avait nécessairement emprunté avant nous - passe par la ville de Pont-à-Tréteaux. C'est un passage obligé pour traverser les gorges qui ceignent le sud des Nan Wrathen.
Pont-à-Tréteaux est une bourgade triste qui porte les stigmates de combats récents ; les orques l'assaillent régulièrement. Les gens qui demeurent en ces murs ne sont pas causants et on ne saurait le leur reprocher : leur vie est amère et les jours à venir s'annoncent funestes. Très probablement Fæ ne se sera pas attardé en ce lieu. L'imitant, nous traversâmes le pont au galop.
Le Chemin Vert est long et les pays qu'il jouxte peu amènes. Nous continuâmes péniblement jusqu'à Amon Raith sans rencontrer âme qui vive. Difficile d'imaginer que ce désert froid accueillit jadis l'un des plus grands et des plus beaux Royaume d'Edain en Arda. La faiblesse des Hommes est au moins à la hauteur de leurs Gloires et nous avions sous les yeux toute l'étendue stérile de leurs erreurs passées.
Le Rôdeur qui nous accueillit dans une ruine sise sur un promontoire rocheux, s'avéra étonnamment bavard. Mais ce qu'il avait à nous dire était à peine plus précieux que le doux murmures des morts émanant en contrebas des Champs de Fornost. Car je ne nierai pas que cette vaste lande grise jalousement gardée par des âmes en peine trouva grâce à mes yeux. Une froide sérénité m'empoignait le cœur tandis que je comptais le nombre de mausolées égrainés jusqu'à l'horizon. Je laissais mes compagnons converser avec l'Edain. Avait-il seulement conscience, cet aimable Rôdeur, de la chance qu'il avait de vivre en ce lieu singulier ?
Puis il fallut repartir pour un camp gobelin et enfin nous convînmes de reposer nos corps et nos chevaux à Ost Lagoros.
Dernière modification par Mithgaear (02-04-2013 08:56:17)
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La chevauchée fut à la fois trop longue... et bien trop rapide à mon goût. Trop de Rôdeurs rencontrés et peu de temps pour apprécier à leur juste mesure ces terres blessées qui ne demandent qu'à parler. Et nous voilà, au coin d'un feu, pas plus instruits des desseins de Fæ qu'à notre départ.
Qu'avons nous appris ? Qu'elle cherche quelque chose et que cette quête exige diligence... Qu'elle emprunte la même route - au camp d'orques ou de gobelins près que nous avions empruntée - jadis avec Malmereth et Timinuial.
Aurait-elle égaré quelque objet précieux lors de notre dernière venue ? Si tel est le cas, pourquoi ne pas nous en avoir instruit, même à mot couvert par le biais des rôdeurs ? Pourquoi ne pas nous avoir sollicité dans ses recherches ?
Plus troublant encore, cet « adieu » à Aerhêniel... Fæ commence-t-elle un long voyage qui la tiendrait longtemps loin de l'Ouest ? Si tel est le cas, pourquoi suggérer que moi, Mithgaear, partirai à sa recherche, moi qui plus que tout elfe du Lindón, déteste les terres sans rivage ? Par amitié, sans conteste, je le ferai, mais mon cœur déjà saigne à l'idée que Fæ puisse m'entraîner dans cette mythique et terrible Moria...
Dernière modification par Mithgaear (02-04-2013 09:02:12)
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Les yeux figés sur les flammes, Mithgaear énonce à voix haute :
Amis, cette course n'a pas de sens. Nous ne devons pas suivre les traces de Fæilian, mais les devancer. Demain, si vous le souhaitez, nous prendrons la route du refuge de Lin Giliath dans les Meluinen. Là-bas, nos frères nous ferons bon accueil. Et s'ils ont vu Fæ, ils nous confieront tant ses paroles que leurs impressions ; ces dernières auront autant de valeur.
Si nécessaire nous regagnerons enfin la citadelle d'Esteldín. Y convergent les rapports des Dúnedains. Si Fæ a traversé les plaines de l'Est, ils le sauront. Prions seulement les Valar qu'elle n'ai pas, à cette heure, franchi les cols des Ram Duath...
Dernière modification par Mithgaear (02-04-2013 08:59:56)
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