Cyian

Echevin

Re : Berilias

La porte s'ouvrit avec fracas pour libérer la haute silhouette difforme d'un homme chargé comme un baudet de nain.

[large]Goðan dagínn, mauvaise troupe ! Quel temps de chien ![/large]

Trempé, boueux, hirsute, le cheveux plus gras et la barbe plus longue que jamais, Cyian s'avança  dans la Halle, ployant sous le poids de son chargement. La peau tannée par le froid soleil des neiges, ses yeux n'en paraissaient que plus pâles, ronds et brillants, exaltés. Le chasseur était en pleine forme. Après s'être libéré d'un tas d'épaisses peaux de peikkos – qui émirent au contact du plancher un « splouch » sale et sonore – il lança sans grande distinction :

[large]Distribution de MATHOMS ![/large]

N'attendant nulle réaction de la foule réunie, il extirpa de sa veste une pile de vieux papiers détrempés qu'il jeta sans ménagement au centre de la Table des Cartes.

Hæ Endryamir Herrá ! Pas possible... vous me croirez pas : la faille de Jä-Kuru a encore bougé ! Z'ont eu un printemps épouvantable et beaucoup de congères n'ont pas tenu. Les anciens chemins sont  impraticables et les nouveaux tout juste potables.... J'ai pris des notes. Mais pas facile de faire de jolis dessin avec des moufles.

Avisant le seigneur Fregwer, non loin : Sæll ok blessaður félagar, vous n'avez pas rajeuni, l'ami ! Cyian s'inclina. Je vous aurai volontiers ramené un bouclier percé, mais quand j'en ai parlé aux lossoth... ils ont  ri. M'est avis que votre technique n'a pas dépassé Ciriþ Rhîw...
Ah ! Dame Mæ ! Toujours aussi belle... et aussi svelte, ajouta-t-il dans un clin d'œil. Voici, pour... vous... Le chasseur chercha, non sans mal, dans ses poches crotteuses, un long pendentif qui en des mains plus propres auraient brillé de mille feux.
C'est de l'Ambre de Forodwaith m'ont-il dit. Taillé dans le sang du seul arbre qui jamais naquit là-haut. La légende dit qu'il périt au crépuscule du jour de sa naissance. Grands Pouvoirs ! Me disaient les vielles lossoths. Grands Pouvoirs !... Maître Kaldi a insisté pour le sertir lui-même dans du vieil argent. Il a grumphé plein de paroles étranges durant l'affaire et il a dit :
Qu'elle le chauffe sur son cœur car cette chaleur lui sera rendue si par malheur elle lui faisait défaut. Il est parfois bizarre ,le Kaldi...

Cyian profita de la remise du pendentif pour gagner à grands pas sploutcheux l'embrasure de la porte de cuisine. Le temps d'une tape virile sur l'épaule d'Orolhion, d'un sourire complice à Avandil, le voilà qui déjà apostrophait la hobbite affairée :

Hæ alflithíl ! 'vous ai pas oublié Dame Lihie. J'ai deux chargements de harengs dehors. Y sont tout pourris, marinés dans l'eau mer... une infection ! Dans le Forochel, ils adorent ça... Si les Gens de la Comté ont le talent qu'on leur prête, sûr que vous parviendrez à en faire quelque chose... sinon, n'hésitez pas : refilez le tout à ce brave Poulpy.... Au fait, j'y pense, Medneþ !!!

Sans reprendre son souffle, Cyian se retourna vers la Halle, manqua de glisser dans la traînée de boue qu'il avait généreusement étalée, se rattrapa à un meuble qui trembla mais tint, sacrifiant pour ce faire les bibelots qu'il contenait.

Medneþ ! Et cette blessure ? Z'avez les salutations respectueuses d'Yrjana ! Le vieux est inquiet et raconte plein de choses étranges... Il m'a transmit un message pour vous, mais... j'ai oublié... Un truc qui disait... que le blizzard tournait et que les lossoþ seraient un temps épargnés parce que le Grand Froid... ben... Cyian se gratta la tête, marque d'une intense concentration... le Grand Froid... Ah oui !.. le Grand Froid allait frapper le campement que les hommes du Sud ont monté sur une banquise de pierre. Ça veut rien dire, mais il est plus tout jeune, le bonhomme.

Se calant, ruisselant, entre Nakferth et Tomislav il adopta aussitôt l'air entendu d'un conspirateur suderon pour glisser à voix basse :
[small]Je ne vous ai pas oublié tous deux, mais faudrait pas que ça s'ébruite... Un truc incroyable : bile fermentée d'ours polaires, agrémentée de lichens hallucinogènes, j'en ai dix gourdes en lieu sûr. C't'un carnage, cette liqueur ! Une goutte et vous...[/small] Eh mais c'est Teboral alffrù là-bas s'exclama-t-il !

Dame Tebo, heureux de vous revoir : vous me devez dix pièces d'argent ! J'avais sottement parié avec Prosper que vous naviguiez à c't'heure vers l'Île des Oreilles Pointues. J'ai perdu, mais il est des défaites bien plus heureuses que les victoires.
Sur ce, consœur, restez pas là, à me regarder sottement, mes orteils n'ont pas connu d'air ambiant depuis des mois. Si vous pouviez m'aider à retirer ces damnées bottes.

Gagnant à cette fin le fauteuil près de l'âtre, Cyian se tut enfin, et son humeur de s'emporter à la manière des traitresses bourrasques du Val. Point de joie, ni d'enthousiasme désormais : un intrus par sa seule présence avait éveillé le sang rageux des Hommes des Landes. D'une voix dont le calme annonçait la colère à défaut d'une tempête, il lâcha sèchement :

Útlandurmann, qui êtes-vous ? Mais surtout... que faîtes vous dans MON fauteuil ?

[HRP]
Mieux vaut tard que jamais : bienvenu Berilias !

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On m'dit jamais rien...

Medneth Selgran

Echevin

Re : Berilias

Medneth accueillit son vieil ami Cyian avec un grand sourire

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Nakferth

Compagnon

Re : Berilias

Nakferth arbore un sourire béat. De la bile fermentée et du lichens hallucinogènes, bon sang de bois !.....

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